À l’extérieur du palais du Luxembourg, les anti étaient rassemblés pour exprimer leur désaccord. Violences, un sénateur qui change son vote après des menaces de mort… les méthodes employées sont-elles extrêmes ? La limite est franchie?!
Le feuilleton du mariage pour tous tourne au vinaigre. Et ceux qui pensaient que la situation était exacerbée du fait des accusations caricaturales constatées des deux côtés vont devoir sérieusement et urgemment leur copie : la violence, de l’intimidation jusqu’à la menace de mort, n’est que d’un côté. Un seul.
Depuis quelques semaines, le baroud d’honneur des opposants au projet ressemble en tous points à un baroud du déshonneur. Jusqu’à l’indignité.
Les intimidations ont fait place au harcèlement
Frigide Barjot a beau se dédouaner des exactions du 24 mars, en prétextant avoir été débordée par des extrêmes, sa rhétorique ne dupe personne. Le discours de la manif pour tous n’a pas attendu que l’extrême droite passe à l’action (car elle était DÉJÀ présente dès novembre dans le défilé des opposants, y compris celui rose bonbon) pour passer aux armes.
Depuis des affiches franchement limites jusqu’aux points Godwin cumulés par Xavier Bongibault, qui en équivalence lui vaudrait une ménagère en argent véritable chez Total, en passant par la menace du refus d’obtempérer pour Frigide Barjot.
Et qui oubliera la pasionaria de l’ancienne bataille du Pacs, Christine Boutin, qui se la joue en Madone christique, en s’adjugeant elle-même le gazage des forces de l’ordre, attendu qu’il a fallu qu’elle s’approche du périmètre de l’interdit des forces de l’ordre jusqu’à pénétrer dans l’avenue des Champs-Élysées pour se faire prendre…
Depuis le 24 mars, les intimidations ont fait place au harcèlement, avec un accueil réservé à bon nombre de membres du gouvernement quel que soit leur déplacement, ou en empêchant des élus de parler. Ironique quand on prétend être bâillonnés…
Sans oublier bien évidemment la cerise sur le gâteau posée par le GUD Nancy avec un visuel qui appelle au gay bashing… Ambiance.
Des opposants aux méthodes « minables »
L’ouverture du débat au Sénat vient de marquer un nouveau tournant. Morbide. Alors que Jean-Pierre Michel, le rapporteur de la Commission des lois au Sénat a commencé sa journée au tribunal pour répondre à l’insensée Barjot pour avoir exprimé tout haut ce que le bon sens impose de soi, à savoir qu’il n’y a pire homophobie que celle qui ne s’assume pas, Chantal Jouanno venait de subir l’assaut d’opposants au réveil de son appartement dans le 12e arrondissement au son de « un père, une mère, c’est élémentaire ».
Un épiphénomène qui aurait été dérisoire, si les méthodes employées notamment par Béatrice Bourges, la fameuse présidente du « Collectif pour l’enfant », qui avait quitté le collectif « manif pour tous » au soir du 24 mars en dénonçant des méthodes de Bisounours (sic), avaient confiné à la délation, comme le confia Chantal Jouanno, interrogée sur I>Télé.
« Le plus étonnant, c’est que ceux qui se réclament de la défense de la famille, sont les premiers à venir porter infraction et à porter atteinte à votre propre vie de famille, parce que derrière tout ça, ce qu’il faut bien savoir c’est qu’en plus ils ont communiqué en citant le nom de mes enfants et en donnant mon adresse ce qui est parfaitement, franchement minable. »
Frigide Barjot perd ses nerfs sur i-Télé par puremedias
Un sénateur UMP change son vote après des menaces de mort : Christophe-André Frassa, qui avait voté en commission des lois pour le projet de loi sur le mariage homosexuel, a annoncé peu avant l’ouverture des débats du palais du Luxembourg qu’il voterait contre en séance.
Sa déclaration matinale en laissa plus d’un perplexe puisque, tout en rappelant qu’il était pour le mariage des personnes du même sexe, il voterait contre…
La séance du Sénat apporta la réponse à ce brutal changement de vote, pour le moins incohérent : Christophe-André Frassa a été menacé de mort ! Rien que ça. Alors il nie bien évidemment que cette menace ait infléchi sa décision, tout en l’exposant dans l’hémicycle ; auquel cas, pourquoi en faire mention ?
À la tribune, il explique qu’il craint les dérives de la PMA et de la GPA, qui ne figurent pas dans le projet de loi, la GPA étant même ultra marginale chez les élus de notre République. Un argument éculé, maintes fois démenti par les partisans et surtout qui ne convainc personne.
Christine Boutin se félicite à coups de « on lâche rien »
Le sénateur a, semble-t-il, bel et bien cédé à la menace. Voilà dans l’état dans lequel notre République est aujourd’hui : les convictions républicaines ne valent plus rien face à la violence, à la menace, et au harcèlement.
Certains expliqueront qu’elle n’est l’œuvre que d’une frange marginale. Mais que vaut cet argument quand, aussi marginale fut-elle, cette menace suffit à changer un vote.
Plus grave, la réaction de Christine Boutin sur Twitter qui se félicite à coups de « on lâche rien » de ce changement de vote, occultant la motivation du sénateur, pressé par une menace de mort !
Dès lors, il ne servira à rien de prétexter que la violence est à la marge, ou l’œuvre du GUD ou de n’importe quel détraqué d’extrême droite : quand on en arrive à cueillir les fruits de l’indicible et des fossoyeurs de nos valeurs, on en épouse les semailles.
En ce sens, l’artifice de la jachère, dès lors qu’il faut prendre ses responsabilités, ne pourra jamais, jamais, nous prendre pour des poires.
Yves Delahaie : Ex-MoDem, prof, auteur
(http://leplus.nouvelobs.com/contribution/810947-mariage-homo-menaces-de-mort-intimidations-et-violences-bienvenue-en-france.html)