Manif pour tous : je me suis infiltré dans le cortège, j’en suis sorti dégoûté et révolté

Ils étaient 70.000 manifestants selon la police, 500.000 selon les organisateurs de la « Manif pour tous » du 5 octobre 2014 dans les rues de Paris. Hostiles à la PMA, la GPA, le mariage homo… Les autoproclamés « défenseurs de la famille » ont choqué notre contributeur, qui s’est fondu dans le cortège. Il nous raconte.

Ce dimanche 5 octobre, alors que le mouvement « Manif pour tous » défilait dans les rues de Paris, c’est finalement la plus belle ironie en faveur de la résistance qui s’est produite : le parcours se terminait sur la place du 18 juin 1940, cette date symbolique du discours prononcé par le général de Gaulle sur les ondes de la BBC, qui appelait aux armes contre l’Allemagne nazie.

L’histoire avance, mais ce message d’appel au combat doit se perpétuer.

Alors que se sont réunies cet après-midi les forces réactionnaires de l’extrême droite, de la droite catholique extrémiste et de certaines familles souvent accompagnées de leurs enfants recouverts d’autocollants de la tête aux pieds, il n’y a qu’une chose à dire : il n’y a pas de place en France pour le sexisme, l’homophobie, le racisme et l’antisémitisme.

Dégoût et écœurement

Homophobie, racisme et antisémitisme : ce sont les quatre mots que je tire de cette manifestation dans laquelle je me suis fondu et je ressors plein d’écœurement, de dégoût et de révolte.

D’écœurement lorsque j’entends à la tribune l’un des porte-parole déclarer haut et fort :

« La Gaypride où des hommes à moitié à poil se dandinent sur des chars […], c’est la dictature du lobby gay ! »

De dégoût et de révolte lorsqu’on découvre des affiches antisémites et racistes placardées sur des arrêts de bus sur le trajet de la manifestation et que les quenelles poussent comme du chiendent.

Alors oui, manifester pour ses convictions fait partie de la démocratie. Mais les discours homophobes et le militantisme raciste et antisémite ne sont autorisés ni par la loi, ni permis par la République et doivent être condamnés.

Révoltons-nous !

Cette manifestation sous couvert de lutte contre la GPA dont le gouvernement a affirmé qu’il était contre, a rassemblé une panoplie d’élus du Front national et de l’UMP défilant sous la même bannière. Nous savions que cette consanguinité existait dans les urnes, nous la constations une fois de plus dans la rue.

Ce défilé ne servira qu’une seule personne : Manuel Valls, qui se prêtera encore une fois à l’exercice, courant au Parti socialiste, de l’appel au vote utile en agitant le risque que représente cette droite réactionnaire.

Alors que le gouvernement qui avait proposé d’entacher la loi du mariage pour tous d’une « clause de conscience » pour les maires, a reculé sur le droit à la PMA pour les couples de femmes et a abandonné le combat en faveur de l’égalité des droits et de la reconnaissance des transsexuels, c’est à nous qu’il revient de se révolter pour ces combats contre la réaction.

Finalement, les causes historiques de l’appel du 18 juin 1940 ne sont certainement pas si éloignées de celles d’aujourd’hui et même, pour une part, sont identiques.

Par Hugo Hanry
http://leplus.nouvelobs.com
Militant du Parti de gauche