Manif pour tous : les tergiversations politico-médiatiques de Frigide Barjot

Viendra? Viendra pas? Frigide Barjot, l’une des porte-parole de la Manif pour tous, a engagé un bras de fer avec le comité de pilotage du mouvement qui organise sa dernière manifestation nationale, dimanche 26 mai. Après avoir mis en avant des questions de sécurité -elle a reçu des « menaces de mort » et se déplace désormais sous protection policière-, elle a suspendu sa participation à « la liberté d’expression totale » que voudront bien lui laisser les membres du collectif, présidé par Ludovine de La Rochère. « Je veux ma liberté de parole sur un des trois cortèges, la liberté de parler sur le podium, la liberté d’annoncer que l’union civile est l’unique moyen de « nover » la loi Taubira ».

Vendredi après-midi, elle a déclaré devant la presse qu' »à ce stade,  elle ne pensait pas aller à la manif« , tout en précisant qu’elle était susceptible de revoir sa décision d’ici dimanche. « Pourquoi ne pas venir saluer les manifestants? », s’est-elle interrogée en fin de conférence de presse. « Moi j’ai envie d’y aller mais ma présence cristallise les haines« , a-t-elle regretté, encourageant toutefois les manifestants à s’y rendre en masse.

Pression sur les organisateurs et « pétage de plomb »

Le matin, elle nous avait assuré qu’elle ne « pouvait pas abandonner les centaines de milliers de personnes » qui se sont mobilisées depuis des mois et qu’elle se rendrait sur l’un des cortèges, au départ de la gare d’Austerlitz. « Mais, précisait-elle, nous ne voulons pas être des ferments de violence. Si notre présence et notre point de vue suscitent des perturbations, nous ne resterons pas.« 

Dénonçant le ton de la Manif pour tous , qui « s’est durci » et « les groupuscules identitaires qui provoquent de la violence », Frigide Barjot semble avoir échoué à imposer sa vision de la sortie de crise aux autres membres du collectif.  A quelques heures de la manifestation, elle met donc la pression sur les organisateurs du mouvement pour pouvoir défendre publiquement, lors du rassemblement de dimanche, qui s’annonce massif, son idée d' »union civile » sans possibilité d’adoption pour les couples homosexuels et sa proposition de « constitutionnalisation du mariage entre un homme et une femme« . Des députés UMP se sont aussi prononcés pour cette alternative au mariage homosexuel.

Jusqu’à présent, les autres principaux membres du collectif ont rappelé que le mot d’ordre unique de la Manif pour tous était le combat contre la loi Taubira et que l’union civile était un « non-sujet« . Ce point de clivage était en germe dans le collectif dès sa constitution à l’automne. « Les pétages de plomb des uns ou des autres ne nous intéressent pas », assure-t-on dans l’entourage de Tugdual Derville, l’un des autres porte-parole de la Manif pour tous, opposé à l’union civile et qui se refuse à commenter les dernières déclarations de Frigide Barjot.

Stéphanie Le Bars