La direction d’un lycée catholique de Toulouse a renvoyé de cours des élèves portant un sweat-shirt de la Manif pour tous.
Il y a quelques semaines, le port du sweat-shirt de la Manif pour tous était proscrit par la loi puisqu’il faisait l’objet d’une vague d’interpellations policières avec conduite au poste, interrogatoire et procès-verbal. Aujourd’hui, l’interdiction a changé de camp, venant cette fois de censeurs moins attendus: des lycées catholiques. Alors que ces établissements constituaient encore tout récemment de solides relais d’opinion du mouvement Manif pour tous, en diffusant largement mails, consignes et appels à manifester, ils semblent aujourd’hui avoir jeté le débat et ses symboles avec l’eau du mariage pour tous, désormais promulgué. À Toulouse, cette volte-face fait grand bruit. Des élèves d’un important lycée catholique de la ville rose viennent de se faire exclure de cours pour le port du célèbre sweat-shirt rose et bleu, figurant un père et une père tenant leurs deux enfants par la main.
Mardi dernier, quinze à vingt élèves se présentent en classe avec le sweat-shirt. Ils se sont donnés le mot via Facebook car ils veulent réagir à ce qui leur semble «une injustice»: quelques jours auparavant, un camarade de première est venu en cours avec ce sweat-shirt et s’est vu contraint de l’enlever par la direction, condition sine qua non pour réintégrer sa classe. Ils ne manifestent pas, ne sont pas regroupés, ils rentrent normalement en classe, sans remarque des professeurs. Mais cinq d’entre eux sont bientôt convoqués devant la responsable de vie scolaire qui leur intime l’ordre de retirer le vêtement, sans quoi ils devraient quitter l’établissement ou aller à l’étude. Rien de la fermeté ou «des fortes pressions», témoigne un parent d’élève, ne dissuade les élèves. Des parents sont appelés par l’école pour les informer de la situation, des élèves se voient au contraire interdire de contacter leur famille. Sur le groupe de réfractaires, seuls deux élèves acceptent d’enlever l’objet du délit. Les autres se prennent un sermon dans le bureau du dirlo. Menace d’exclusion de cours, et même de mise à pied, s’ils ne s’exécutent pas. Toujours récalcitrants, ils sont envoyés en étude, séparés des autres élèves, avec interdiction de communiquer avec qui que ce soit.
Les ados ne faiblissent pas, ils argumentent: «La loi L.141-5-1 de 2004 interdit le port de tenues et de signes ostentatoires religieux mais cette loi ne s’applique que dans les établissements publics, pas dans les établissements privés. Qui plus est, le logo LMPT reproduisant une famille père, mère et leurs deux enfants n’est pas un signe religieux. Ni un signe politique d’ailleurs. Il n’est pas haineux, il ne nuit à personne. On voit bien des élèves en classe avec un T-shirt Che Guevara, est-ce mieux? Nous ne manifestons pas dans l’école, nous ne troublons pas la vie de l’établissement…».
«Moi ça m’a révolté, témoigne le parent d’un des ados séditieux. Les jeunes n’ont fait qu’afficher leur opinion, en toute sérénité, laquelle est qui plus est parfaitement raccord avec les préceptes enseignés dans un établissement catholique. C’est même précisément pour cet enseignement que nous avons choisi de payer une scolarité dans le privé!».
Pour Maxime (*), passée la surprise, l’épisode reste une incompréhension. «Je ne faisais qu’exprimer des valeurs que je croyais partager avec l’école, maintenant je sais à quoi m’en tenir».
Le jour même des faits, un des pères des élèves concernés est reçu par le directeur de l’établissement. Ce dernier finit par accepter le retour des élèves en cours avec leur sweat-shirt. Il faut dire que les ados prévoyants et un brin malins, étaient convenus de ne rien porter dessous, de sorte à opposer l’impossibilité de le retirer… Le directeur du lycée ne sanctionne finalement pas les élèves mais rappelle son opposition de principe. Au reste, il s’engage à en référer au rectorat et à la tutelle de l’école, dont il attend les instructions.
(*) Le prénom a été modifié.
lefigaro.fr