Qui va payer pour la pelouse du Champ-de-Mars? Le maire de Paris a présenté une facture de 100 000 € aux organisateurs de la manifestation contre le mariage gay pour réparer les dégâts provoqués dimanche. Mais, hier, Frigide Bardot, l’égérie du collectif chargé de l’événement, a déclaré ne pas avoir « les moyens » de payer la note.
Les leaders de la droite parisienne dénoncent une « démarche sectaire et indigne » en rappelant que le maire de Paris avait prêté le Champ-de-Mars et offert une subvention de 230 000 € pour un concert géant organisé par SOS Racisme, en juillet 2011. « Jamais de mémoire d’élu, une telle démarche n’a été entreprise et rendue publique par le passé », s’emporte Philippe Goujon, le patron de la fédération UMP.
Plus de 3 600 m2 de verdure endommagés
Dans l’entourage de Bertrand Delanoë, on se défend d’avoir voulu faire le buzz. Le maire a pourtant jugé bon de se fendre d’un communiqué pour désamorcer la polémique. « Je n’ai fait qu’appliquer les règles. Il est dès lors malvenu d’imaginer qu’une manœuvre politique ait présidé à une demande normale et légitime d’indemnisation au profit des Parisiens », se défend le maire de Paris, qui précise avoir fait de même avec Johnny Hallyday en 2009 ou SOS Racisme en 2011.
Plus de 3 600 m2 de verdure auraient été endommagés au cours de la manifestation. Et depuis trois jours, les équipes de jardiniers de la ville sont aux petits soins pour les pelouses meurtries. Trop piétinées dimanche par les manifestants, puis gorgées de pluie froide et brisées par le gel. Pourtant « côté dégâts, on s’attendait à pire », reconnaît Anthony, occupé avec ses équipiers à receinturer chaque carré de pelouse du Champ-de-Mars. « Ça nous fait 5 km de grillage en linéaire, qu’on avait dû enlever pour la manif et que l’on doit remettre, puisque ces pelouses étaient au repos », précise l’un d’eux. « Tous les semis de gazon ont été détruits », regrette-t-il. Conséquence, selon la Ville : la pelouse du Champ-de-Mars restera inaccessible jusqu’en juin au lieu de d’avril habituellement.
Du côté de la préfecture de police, on explique avoir « pris acte des intentions de la Ville de Paris » tout en expliquant que « le site permettait le rassemblement de plusieurs centaines de milliers de personnes ». La préfecture attend d’être saisie officiellement de la demande de la mairie pour « examiner les conditions de recevabilité juridique. Dans l’hypothèse où elles seraient réunies, des expertises seront engagées ». La préfecture annonce que la manifestation pro-mariage du 27 janvier sera accueillie sur un autre site.
QUESTION DU JOUR. Manif pour tous : Delanoë a-t-il raison de vouloir faire payer les dégâts ?
Le Parisien