S’amuser avec les forces de l’ordre pour tenter de les séduire. C’est le nouvel objectif que semble s’être fixé les 52 opposants au mariage gay arrêtés dans la nuit de mardi à mercredi à Paris pour « manifestation non déclarée ». Ils sont jeunes, ils sont joueurs et ont décidé d’innover pour dénoncer les « deux poids, deux mesures » des autorités qui laisseraient faire selon eux, « les casseurs du PSG » et seraient beaucoup plus sévères avec les anti-mariage gay.
Ce nouveau jeu militant est plutôt simple. Se regrouper dans des endroits fréquentés de la capitale et crier son désaccord avec la loi Taubira. Sur le modèle du chat perché, les jeunes se dispersent dès l’arrivée de la police sur les lieux. » L’opération a commencé près des Invalides, à la station Varenne, raconte Louis au Figaro, qui tient à préciser qu’il « court plus vite que la police ». Bien décidés à exprimer leur désaccord avec la loi dans tout Paris (côté bobo de préférence), ces irréductibles se sont retrouvés à Sèvres-Babylone (6e) mardi soir pour se regrouper ensuite place de Carrousel (1er), entre le Louvre et les Tuilleries avant d’être embarqués.
“Stop! Je pose mon bouclier et je m’occupe des vrais criminels”
Certainement pas habitués au face à face avec les forces de l’ordre, certains se plaignent du comportement de la police et sont persuadés de subir un traitement différent des autres « voyous ». La Manif pour tous voulait que le gouvernement « s’occupe de l’emploi », eux souhaitent que la police s’occupe des véritables délinquants. « L’objectif, c’est de provoquer une prise de conscience chez les policiers. Cette nuit-là, nous étions manifestement infiltrés par des policiers en civil n’ayant rien de mieux à faire. Ils ont été jusqu’à envoyer la BAC (brigade anticriminalité) pour courir derrière une cinquantaine de gamins qui ne commettaient aucune dégradation! », explique Louis au quotidien. L’argument selon lequel la police aurait été plus laxiste avec les « casseurs » du PSG est peu convaincant, mais ils y croient. « La Manif pour tous, c’est combien de vitrines cassées, de voitures brûlées, de policiers blessés ?, s’exaspérait mardi Tugdual Derville, l’un des porte-paroles du collectif. Pourtant, c’est bien parmi nos sympathisants que l’on dénombre à ce jour plus d’une centaine de gardés à vu ».
Provoquer une prise de conscience pour rallier les autorités à leur cause. Si l’objectif paraît difficile, ces anti sont optimistes. « Les gendarmes et CRS nous disent qu’ils ne nous en veulent pas à nous, mais aux ordres qu’ils trouvent de plus en plus ridicules, affirme-t-il. Certains nous encouragent. On est en train de créer un climat d’insubordination: bientôt, ils diront, “stop! Je pose mon bouclier et je m’occupe des vrais criminels”, espère de son côté Louis. En attendant de voir défiler les CRS vêtus de T-shirt bleus et roses aux côtés de Frigide Barjot, ces jeunes peuvent encore espérer. Le Conseil constitutionnel pourrait se prononcer jeudi sur la constitutionnalité de la loi autorisant le mariage gay.
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