Les organisateurs de la « Marche pour la vie » évoquent un « record ». Les pro-IVG manifestent eux aussi à la veille de l’examen d’un projet de loi où figurent plusieurs dispositions sur l’avortement.
La « Marche pour la vie » des opposants à l’avortement a réuni dimanche 19 janvier à Paris 16.000 personnes, selon la police, 40.000, selon ses organisateurs qui évoquent un « record ».
A la veille de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi pour l’égalité hommes femmes, comportant des dispositions controversées, ces manifestants, souvent venus en famille, ont quitté la place Denfert-Rochereau peu après 15 heures en direction des Invalides, aux cris de « Oui à la vie » ou encore « Viva Espana ».
Les anti-avortements rassemblés par une quinzaine d’associations, exaltaient aussi l’initiative espagnole visant quasiment à supprimer l’avortement. Pour saluer le projet de loi selon eux « avant-gardiste » du gouvernement espagnol, de nombreux participants étaient vêtus de rouge et or, les couleurs du drapeau de l’Espagne.
Ils s’insurgent à l’inverse contre une disposition du projet de loi sur l’égalité entre hommes et femmes relative au droit à l’information en matière d’IVG et contre un amendement socialiste, passé en commission, supprimant l’idée de la nécessaire « situation de détresse » de la femme pour pouvoir recourir à l’IVG.
La suppression de cette notion revient à « une banalisation totale de l’avortement et une dénégation du droit à la vie inscrit dans le code civil », a dénoncé dimanche Cécile Edel, porte-parole du collectif.
En étendant le « délit d’entrave » à l’IVG, « on ne pourra plus être contre l’avortement. Sur notre site SOS femmes enceintes, nous serons obligés de donner des informations sur l’avortement », s’est-elle indigné.
En tête, une grande banderole revendiquait – en rouge et or – le droit d’être « Libre d’être contre l’IVG ». Une autre appelle à un « statut de l’embryon ».
Dans la foule des pancartes interrogeaient: « faudra-t-il aller en Espagne pour le garder? » ou « Enceinte et si vous le gardiez? ».
« Mon vagin, mon choix, ta gueule »
A quelques kilomètres de là, entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées pour défendre l’avortement, en solidarité avec les femmes espagnoles et en réaction à la manifestation anti-IVG . « Avorter c’est mon droit, intégristes hors la loi », « mon corps, mon choix, à bas le patriarcat » ou « avortement, t’es pas d’ac? Dégage réac! », criaient les manifestants, en majorité des femmes, venues place d’Italie à l’invitation du Syndicat du travail sexuel (strass) et de groupes féministes.
Derrière des banderoles « mon corps m’appartient » et « Féministes tant qu’il le faut », de nombreuses pancartes: « Occupe-toi de ton rosaire, on s’occupe de nos ovaires », « Vos rosaires hors de nos ovaires », « Mon vagin, mon choix, ta gueule », « un utérus heureux est un utérus libre de choisir » ou « ce qui se passe dans mon corps ne regarde que moi ».
« Demain l’Assemblée nationale ouvre le débat sur deux amendements qui élargissent le droit à l’IVG. Les gens de Denfert manifestent contre. On est là pour dire qu’on soutient ces amendements », a expliqué à l’AFP Valerie Rey, une des organisatrices du rassemblement.
« On laisse beaucoup trop la parole aux anti IVG et aux intégristes. Il faut se manifester et occuper le terrain », a ajouté la jeune femme qui comme beaucoup de participants, manifestait avec un cintre, rappelant que cet objet avait longtemps eté synonyme d’avortement clandestin.
« Nous ne voulons pas que la France devienne comme l’Espagne », où le droit à l’avortement vient d’être restreint, « ou comme la Suisse », qui doit bientôt débattre du remboursement de l’IVG par l’assurance maladie.