Manifestation « Journée mondiale de lutte contre le sida » ce dimanche 30 novembre 2014, à 15h, à Paris place de la République
En France en 2012, c’étaient encore 6 400 personnes qui ont découvert leur séropositivité.
Parmi elles, le nombre de gays, bis et autres HSH — hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes — ne cesse d’augmenter, dans l’indifférence des pouvoirs publics et sans provoquer de regain de mobilisation de la communauté. La prévalence parmi les femmes trans reste très élevée, conséquence directe de violences transphobes rarement combattues.
La stabilité du nombre de nouveaux diagnostics n’a rien de réjouissante : elle signifie toujours de nouvelles contaminations. Qui plus est, 30 000 personnes vivent aujourd’hui en France avec le VIH sans le savoir. Parmi les 6 400 personnes ayant découvert leur séropositivité en 2012, plus d’un quart était en stade sida ou avait moins de 200 CD4.
L’éloignement d’un nombre aussi important de séropositifVEs, ni soignéEs ni traitéEs, vis-à-vis des dispositifs de dépistage représente une réelle perte de chances thérapeutique pour euxLLES et contribue largement à entretenir la dynamique de l’épidémie. C’est pourquoi, pour mettre un terme à cette épidémie, il est aujourd’hui nécessaire de changer de braquet en matière de prévention et de dépistage.
Les objectifs ambitieux du dernier Plan national de lutte contre le VIH et les IST, qui prévoyait notamment la mise en place d’un dépistage généralisé, ne se traduisent pas dans la réalité : l’augmentation de 5 % du nombre de dépistages réalisés entre 2010 et 2012 est largement en deçà des besoins. De plus, elle ne s’est pas accompagnée d’une augmentation du nombre de sérologies positives : les dépistages supplémentaires réalisés n’ont en rien permis de réduire le réservoir de l’épidémie.
Les moyens de réduire drastiquement le nombre de nouvelles contaminations existent pourtant. Ils supposent notamment de mettre en place dès à présent une approche en termes de santé sexuelle globale, c’est-à-dire par l’accompagnement effectif des minorités les plus vulnérables face au virus vers l’ensemble des dispositifs de prévention et de dépistage.
Ils passent aussi par la mise en place d’une réelle politique de dépistage, ciblée en particulier vers les groupes les plus exposés à l’épidémie, et parmi eux vers les personnes qui se tiennent les plus éloignées des dispositifs de prévention et de dépistage existants.
Ainsi, tout doit être fait pour faciliter l’accès au dépistage et à la prévention de chacunE :
– des centres de santé sexuelle doivent être implantés partout sur le territoire et recevoir des financements pérennes qui ne les cantonnent plus au rang d’expérimentation, et s’adresser de façon ciblée aux gays et autres HSH, aux personnes trans, aux lesbiennes et autres FSF (femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes) pour permettre l’accès dans les meilleurs conditions possibles à l’ensemble des outils existants et à venir en matière de prévention et de dépistage ;
– les autotests doivent être mis à disposition gratuitement pour permettre l’accès au dépistage de ceuxLLES qui se tiennent aujourd’hui les plus éloignéEs du dépistage, et accompagnés de dispositifs permettant l’accompagnement de leurs utilisateurRICEs vers les soins ;
les efforts engagés en matière de dépistage rapide et de proximité doivent être prolongés et étendus, notamment en y incluant le dépistage des hépatites et des autres IST ;
– la gratuité de l’ensemble des outils de dépistage et de prévention (dépistage classique, autotests, capotes, fémidons…) doit être assurée partout et pour touTEs ;
– l’éducation à la santé et aux sexualités en milieu scolaire doit être renforcée, alors même que les actions existantes, insuffisantes, sont menacées par un activisme réactionnaire homophobe et transphobe ;
des campagnes de prévention, notamment de promotion du préservatif et du gel, vigoureuses et ciblées doivent être multipliées.
C’est parce qu’il est aujourd’hui possible de mettre fin à l’épidémie que chaque nouvelle contamination est un échec collectif de l’ensemble des acteurRICEs de la lutte contre le sida (pouvoirs publics, médecins, associations, lieux de rencontre, sites Internet et applis de rencontre…). PremiEREs concernéEs par l’épidémie, nous sommes capables d’endiguer le flot des nouvelles contaminations.
Cela passe par l’usage des outils de prévention, pour nous protéger nous, nos amiEs, nos amantEs.
Cela passe aussi par l’action collective : nous faisons face à une épidémie politique, contre laquelle les solutions individuelles sont toujours insuffisantes.
Pour exiger ensemble la mise en place d’une réelle politique de dépistage et de prévention, et montrer que nous pouvons nous mobiliser collectivement contre l’épidémie, rejoignez-nous, à l’occasion de la Journée Mondiale de lutte contre le sida, pour une manifestation le 30 novembre 2014, à 15h, à Paris place de la République.
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