La loi Taubira, n°2013-404 du code civil, célèbre ses noces de bois cette année. Adoptée le 23 avril 2013 par 331 voix contre 225, après des heures de débats animés, elle sera promulguée le 17 mai suivant.
7367 mariages de couples de même sexe seront célébrés en France la même année, selon les chiffres de l’Insee. 10.522 en 2014, 7751 en 2015. Depuis, ils tournent autour de 7 000 par an en moyenne, soit 3 % des célébrations en mairie (235.000), avec un pic d’unions pour les hommes gays après 40 ans, et entre 27 et 39 ans pour les femmes lesbiennes (Insee 2016).
« Je dois vous avouer que je suis submergée par l’émotion », avait déclaré Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, après le vote du texte par l’Assemblée.
« Nous savons que nous n’avons rien ôté à personne, qu’au contraire nous avons reconnu les droits de nos concitoyens dont la citoyenneté était sournoisement contestée, et aussi ouvert des droits à tous les autres couples. »
Et les Français demeurent toujours défavorables à son abrogation. Ils étaient plus de 60% en septembre 2016 à souhaiter que le prochain président de la République maintienne la loi en l’état, selon sondage IFOP pour l’
Moins d’une dizaine d’adoptions toutefois, indique Nicolas Faget, porte-parole de l’Association des parents gays et lesbiens (APGL). Il n’existe pas de chiffres officiels mais la procédure reste compliquée. Et adopter à l’étranger n’est guère plus simple. Pas d’informations non plus concernant les divorces, les statistiques ne distinguant pas les couples hétéros et homos.
Les vérités tues – celles que l’on tait – deviennent vénéneuses :
Ce 23 avril 2013, Christiane Taubira a ainsi clôturé son discours par un message aux adolescents LGBT, « qui ont été blessés, désemparés ces derniers jours, plongés dans un désarroi immense, qui ont découvert une société où une sublimation des égoïsmes permettait à certains de protester bruyamment contre les droits des autres », afin de leur dire simplement « qu’ils ont toute leur place dans la société ; que nous les reconnaissons à leur place dans la société, avec leurs mystères, avec leurs talents, leurs défauts, leurs qualités, leurs fragilités ; que c’est cela, la singularité de chacun d’entre nous, indépendamment de toute question sexuelle. Chacun d’entre nous est singulier. C’est la force de la société, c’est même la condition de la société, la condition de la relation dans la société. »
« Alors nous leur disons : si vous êtes pris de désespérance, balayez ces paroles qui vont s’envoler ! Restez avec nous, gardez la tête haute, vous n’avez rien à vous reprocher ! Nous le disons haut et clair, à voix puissante parce que, comme le disait Nietzsche, les vérités tues deviennent vénéneuses. Merci à vous tous. »
Toute notre reconnaissance !