« Tels que je les connais, ils ne vont sûrement pas jouer à cache-cache. Ce sera une conversation ouverte même si on n’en saura rien », confie à l’AFP un haut prélat.
Côté Vatican, le communiqué final ne devrait pas révéler de quelle façon ces thèmes ont été abordés. Les deux hommes pourraient choisir de mettre en avant les importants domaines de convergence: paix en Afrique, protection des chrétiens d’Orient, défense de l’environnement, lutte contre le gaspillage des ressources alimentaires, justice financière mondiale, etc…
Le président français est à la recherche d’une réconciliation avec l’électorat catholique français, en majorité hostile à sa politique. La coïncidence de la visite avec une actualité française délicate saute aux yeux: l’assemblée nationale prévoit de supprimer la notion de « détresse » comme motif d’interruption de grossesse. Ce que ses adversaires voient comme une dangereuse « banalisation » de l’avortement, au moment où l’Espagne sous majorité conservatrice restreint l’IVG que le gouvernement socialiste avait libéralisé. Une démarche espagnole qui répond bien au conseil de François aux parlementaires d’exercer leur droit d' »amender ou même d’abroger » des lois, comme il l’avait recommandé à des députés français en mai.
Quant aux projets autorisant une forme de suicide assisté pour alléger les souffrances, leur condamnation par les évêques français a été tranchante. Autre pomme de discorde entre une partie des catholiques et le gouvernement, le mariage gay.
Des centaines de milliers de Français, en majorité catholiques, étaient descendus dans la rue contre « le mariage pour tous » avec l’appui de l’épiscopat et de Benoît XVI, y voyant « un changement anthropologique ». Certains de ces catholiques ont adhéré à une « supplique » au pape lui demandant de transmettre à François Hollande leur « malaise ». Pétition signée déjà par 104.000 personnes.
La laïcité à la française, la vie, la famille ont été abordés la semaine dernière entre le président de la conférence épiscopale, Mgr Georges Pontier, et le pape. Ce dernier était déjà bien informé, a rapporté l’archevêque de Marseille. François a apporté son soutien dimanche à « la marche pour la vie » annuelle organisée par des organisations catholiques.
Sur l’avortement, « les positions sont divergentes et n’ont pas vocation à se rapprocher », a admis un conseiller de M. Hollande avant le voyage. François Hollande « sera tout à fait intéressé de voir ce que le pape aura à dire sur la fin de vie », a-t-il ajouté diplomatiquement.
Les positions du pape contre l’avortement, l’euthanasie et pour la défense de la famille traditionnelle sont claires, même s’il n’emploie pas la formule « valeurs non négociables ». Devant le corps diplomatique, il a dit « l’horreur » que suscitait en lui l’avortement qu’il range dans la « culture du déchet » caractéristique selon lui de l’époque actuelle.
Ses propos sur la bienveillance à manifester aux homosexuels et l’impossibilité de les « juger » n’empêche pas Jorge Mario Bergoglio d’adhérer au catéchisme qui affirme son respect pour les personnes mais son rejet d’actes jugés « désordonnés ». Pour lui, le couple homme-femme avec une famille garantit la stabilité de la société, et il a convoqué fin 2014 et en 2015 des synodes sur la famille, qu’il juge en profonde crise.
La bienveillance du pape et son refus de prononcer les mots qui fâchent ont créé des ambiguïtés dans le grand public, relève le vaticaniste Sandro Magister. Certains ont cru y voir une évolution, alors que selon les vaticanistes, il ne s’agit pas d’une rupture doctrinale mais d’une manière réaliste d’aborder les situations concrètes des gens (femme ayant avorté, divorcés, homosexuels…), sans exclure personne de l’Église. Une ambiguïté que certains au Vatican poussent le pape à clarifier.