La Croatie s’apprête à voter par référendum sur le mariage gay, et les Croates doivent décider si le mariage doit être défini par la Constitution comme « l’union entre un homme et une femme ».
Les Croates sont appelés à se prononcer dimanche 1er décembre par référendum sur un amendement à la Constitution visant à empêcher le mariage homosexuel, un vote réclamé par des ONG conservatrices mais vivement dénoncé comme discriminatoire par des militants des droits de l’Homme.
Des activistes appellent à voter contre l’amendement
Les électeurs doivent répondre à la question de savoir si le mariage doit être défini par la Constitution comme « l’union entre un homme et une femme » dans ce pays de 4,2 millions d’habitants, tout récemment devenu membre de l’Union européenne, et où l’Église catholique – qui a donné son plein soutien à l’organisation de cette consultation populaire -, joue un rôle très important.
Les bureaux de vote seront ouverts de 06h00 à 18h00 GMT et les premiers résultats partiels sont attendus tard dans la soirée. Le gouvernement de centre gauche, des militants des droits de l’Homme et des figures de proue de la société civile locale ont appelé ces derniers jours les citoyens à voter contre un tel amendement.
« C’est comme si vous étiez obligé de demander la permission de vous marier à quatre millions de personnes. C’est exactement comme cela que mon fiancé et moi nous vivons cette situation », a confié Ljubomir Mateljan, 31 ans, un militant gay. D’autres militants ont mis en garde contre une « avalanche » d’initiatives similaires pour réduire les droits des autres minorités.
« Pour la première fois, la violation des droits de l’Homme entrerait dans la Constitution », fustige Iva Grgic. « Maintenant, c’est le tour de ce groupe, ensuite ça peut être un autre. Chacun d’entre nous, dans ses choix de vie, peut être la prochaine victime », a-t-elle ajouté.
« Une femme + un homme = un enfant »
Samedi, plus d’un millier de personnes ont marché à Zagreb bravant la pluie sous le mot d’ordre « la Constitution n’est pas un jouet », pour appeler à voter contre un tel amendement de la Constitution qui, en l’état actuel, ne dispose d’aucune définition du mariage.
Parallèlement, des militants favorables à l’interdiction du mariage homosexuel, distribuaient dans Zagreb des tracts clamant : « une femme + un homme = un enfant ; chaque enfant a besoin d’un papa et d’une maman ». Une trentaine de médecins gynécologues de la principale maternité de Zagreb sont sortis devant l’hôpital pour affirmer devant la presse leur opposition au mariage gay. « Nous soutenons fermement l’initiative car nous croyons que le mariage est une union normale entre un homme et une femme et au sein de laquelle une nouvelle vie est créée », a dit un médecin Ante Corusic.
Selon un dernier sondage, 68% des électeurs disent vouloir voter « oui » dimanche, contre 27% qui diront « non ». L’ex-république yougoslave qui a adhéré à l’Union européenne en juillet a parcouru un long chemin depuis sa première Gay Pride, en 2002, lorsque les participants à la marche ont été agressés par des extrémistes. Depuis, l’attitude envers les droits des gays s’est graduellement améliorée. En 2003, la Croatie a accordé aux couples du même sexe les mêmes droits qu’aux hétérosexuels vivant en union libre, dont une sorte de reconnaissance de la communauté de biens.