Le chef de l’État a présenté mardi soir ses vœux aux autorités religieuses, à quelques jours de la grande manif.
La discussion devait être informelle. François Hollande n’a donc pas prononcé de discours officiel à l’occasion de ses vœux aux autorités religieuses. Le chef de l’État voulait avoir un échange avec la quinzaine de responsables religieux reçus à l’Élysée mardi soir, dont Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, Gilles Bernheim, grand rabbin de France, Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, Emmanuel Adamakis, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, ou Marie-Stella Boussemart, présidente de l’Union bouddhiste de France. La discussion a duré plus d’une heure.
À quelques jours de la manifestation des opposants au mariage pour tous, François Hollande est demeuré prudent sur la forme, veillant à ne pas braquer ses interlocuteurs, quitte à donner le sentiment d’éluder le sujet. Le chef de l’État a assuré qu’il avait «écouté avec le plus grand respect les opinions des confessions», que cette réforme ne concernait «que le mariage civil» et qu’elle «avait été approuvée démocratiquement». En ce qui concerne le droit à l’adoption, il a affirmé que le texte s’inscrirait «dans le cadre de la protection de l’enfant». Pas d’autre allusion à la contestation de la réforme ni à la polémique provoquée par le ministre de l’Éducation nationale avec l’enseignement catholique.
Pourtant, la manifestation du 13 janvier s’annonce très suivie. À l’Élysée, on surveille la mobilisation avec attention. Mais on promet de ne pas reculer. Même si un million de personnes sont dans la rue? «Et les plusieurs millions de Français qui ont choisi au moment de l’élection?» réplique-t-on au sommet de l’État. «On ne fait pas une loi en fonction du nombre de manifestants, sinon ce serait la rue qui déciderait.» On croirait entendre Jean-Pierre Raffarin, lors des manifestations de 2003 contre la réforme des retraites, contestée par la gauche à l’époque. Les opposants dénoncent un passage en force et l’absence de débat.
Lâcher un peu de lest
À l’Élysée, on veut croire que le mariage pour tous, avec ses conséquences sur l’adoption des enfants, fait partie de «l’évolution des sociétés». Ceux qui s’y opposent «font valoir un point de vue, il doit être respecté», explique-t-on. «Mais dans la plupart des pays qui nous sont proches, cette mutation a eu lieu.» Lors de sa conférence de presse de novembre, François Hollande avait affirmé que cette réforme, une fois adoptée, ne serait plus remise en cause, même en cas d’alternance. Un peu comme le pacs, qui avait suscité beaucoup d’hostilité en son temps.
L’exécutif a cependant décidé de lâcher un peu de lest, notamment en temporisant sur l’ouverture de la PMA aux couples homosexuels. François Hollande n’y était pas favorable, mais les députés avaient décidé de déposer un amendement au projet de loi sur le mariage, sans attendre, comme certains le conseillaient, un prochain texte sur le droit de la famille. «Hollande a laissé faire», déplore un observateur engagé dans la communauté gay. Sans conviction profonde sur cette question sociétale, François Hollande n’a pas vu immédiatement le risque à lier les questions du mariage et de la procréation assistée.
Le chef de l’État semble désormais favorable à un report du débat sur la PMA. «Les esprits évoluent», explique-t-il sans préciser davantage ce qu’il veut dire et à qui il pense. «Il y a un intérêt à d’abord faire passer un texte avant de réfléchir à un autre.» La formule est volontairement floue. Mardi soir, la question de la PMA n’a pas été abordée. Les parlementaires socialistes accepteront-ils de temporiser? Les députés socialistes favorables au droit à la PMA promettent de déposer leur amendement, quoi qu’il en soit.
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