INTERVIEW- Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, souhaite que la question de la PMA «soit abordée en séance» à l’occasion du débat parlementaire sur le mariage pour tous.
LE FIGARO. – Dans quel état d’esprit abordez-vous le débat parlementaire sur le mariage homosexuel?
Christian JACOB. – De manière très déterminée, et avec beaucoup de regret sur la manière dont le gouvernement entend conduire ce projet. Depuis trois mois, nous réclamons un grand débat national dans chaque département, avec l’audition des associations, des pédopsychiatres, des représentants des grandes religions. Nous réclamons un référendum. Mais le chef de l’État a peur du peuple, puisque cela nous a été refusé. Nous avons aussi demandé qu’une commission spéciale soit constituée à l’Assemblée nationale. Là encore, refus. J’ai moi-même sollicité depuis octobre la consultation du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). François Hollande a saisi cette instance vendredi, à seulement quatre jours du débat, ce qui dénote un mépris pour le Parlement. J’ose espérer que le CCNE, dans des délais aussi contraints, pourra travailler en toute indépendance.
Comment expliquez-vous que l’UMP se soit laissé déborder par la société civile?
Nous n’avons jamais voulu être les organisateurs de la grande manifestation contre le mariage homosexuel. Nous y avons participé massivement. S’il y a eu un million de personnes dans la rue, c’est que les élus et les Français ont le sentiment d’être méprisés par le président de la République et par le gouvernement. Quand on voit que le chef de l’État refuse de recevoir l’«entente parlementaire pour la famille», qui regroupe plus de 200 parlementaires, alors qu’après avoir évoqué la liberté de conscience lors du congrès des maires de France il reçoit dans les 48 heures l’Inter LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans), on ne peut qu’être choqué. Le temps de l’UMP va être le temps du débat parlementaire. Au moment où le chômage explose, où les plans sociaux se multiplient, où le pacte de compétitivité a autant d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois, le gouvernement mobilise les parlementaires sur un texte qui n’a aucun caractère d’urgence. Il veut saturer l’espace politique avec les sujets de société pour masquer l’inefficacité complète du gouvernement sur les sujets économiques.
Comment combattrez-vous ce texte?
Nous allons déposer trois motions de procédure: la question préalable, la motion de renvoi en commission et la motion référendaire. Nos deux co-orateurs seront Hervé Mariton et Philippe Gosselin. Cet automne, nous avons procédé à de nombreuses auditions au sein du groupe UMP. Plus de 150 députés UMP ont déposé plus de 5 000 amendements. Nous serons offensifs et nous n’accepterons pas les procès en sorcellerie. La caricature, la provocation et l’agressivité ne sont d’ailleurs jamais venues de notre camp. Nous défendons un projet alternatif, c’est l’alliance civile, qui prévoit assistance et secours au sein des couples homosexuels, et un droit à une plus grande sécurité juridique en cas de dissolution notamment. Mais nous sommes totalement opposés au droit à l’adoption qui fera voler en éclats la présomption de paternité et les grands principes de la filiation.
Le cœur de votre opposition, n’est-ce pas la PMA?
On veut que cette question soit abordée en séance, car la PMA, qui est défendue par plusieurs ministres, conduira nécessairement à la gestation pour autrui (GPA). Il y a un vrai mensonge et une tromperie du gouvernement, qui a fait marche arrière en annonçant que la PMA serait inscrite dans une loi sur la famille. Mais dès qu’on ouvre le droit au mariage et à l’adoption, c’est de fait la PMA pour convenance personnelle pour les couples de lesbiennes. Et comme le credo de la gauche, c’est l’égalité, les couples d’hommes réclameront la GPA. Nous basculerons alors vers la marchandisation des corps, ce que la société française a toujours refusé.