Le maire écologiste de Bègles Noël Mamère, qui avait célébré en 2004 le premier « mariage » homosexuel de France, annulé depuis par la justice, a dit mercredi éprouver de la « fierté » à l’heure de l’union de Montpellier.
Il s’est aussi inquiété de la parole « libérée » de l’homophobie lors des mobilisations contre le mariage pour tous.
« Je ressens de la fierté pour la gauche, qui a enfin réalisé cette promesse de l’égalité des droits », a déclaré Noël Mamère à l’AFP par téléphone. « Il a fallu attendre neuf ans depuis le mariage de Bègles, c’est long, nous étions à la traîne de nombreux pays ».
Dans les pays qui ont ouvert le droit au mariage homosexuel, « la preuve est faite qu’il n’y a pas eu de crise de civilisation, les sociétés en question ne se sont pas effondrées », a dit le député EELV.
« L’alternance politique de gauche à droite a montré, je pense notamment à l’Espagne, que quand la droite arrive au pouvoir, elle ne remet pas en cause ce droit », a-t-il ajouté.
Le 5 juin 2004, Noël Mamère avait célébré à Bègles le « mariage » symbolique d’un couple d’homosexuels, union enregistrée à l’état-civil en mairie, mais annulée en appel, puis en cassation en 2007. Pour lui, il s’agissait d’un « vrai mariage, même si la justice française l’a jugé illégal ».
« C’est le souvenir d’une grande joie. C’était l’aboutissement d’un combat difficile contre le gouvernement, contre la justice, contre la quasi-totalité de la classe politique, contre les journalistes », a-t-il dit. « Près de 4.000 lettres d’insultes (furent) reçues, sans compter les appels téléphoniques en mairie, à l’Assemblée nationale, des menaces aussi », rappelle-t-il.
Il dit avoir « pensé sincèrement que ce mariage de Bègles ferait reculer l’homophobie, et que le mariage pour tous serait un pas décisif ». « On s’est aperçu en regardant les manifestations contre le mariage pour tous que l’homophobie, loin d’être éliminée, s’est quasiment banalisée », a-t-il déclaré.
« On a entendu des mots qu’on avait déjà entendus en 1999 au moment du PaCS, qu’on a entendus en 2004, des mots effrayants ». « D’une certaine manière, cela a libéré la parole d’une des composantes les plus réactionnaires de la droite et de l’extrême-droite, cela a libéré aussi la parole homophobe », dit Noël Mamère.
« C’est là le vrai combat aujourd’hui », a-t-il conclu. « On a gagné celui de l’égalité des droits, mais on n’a pas encore gagné le combat contre l’homophobie ».
(Source AFP)