Mariage gay: que va devenir le devoir conjugal?

Faut-il, comme les Anglais, ajouter des clauses au mariage homosexuel et réviser la notion de devoir conjugal? Avec la pilule et le divorce, les règles du mariage ne sont-elles pas déjà obsolètes?

Ca y est! 110 heures de débat à l’Assemblée ont permis de discuter le projet de loi sur le mariage homosexuel. Ces séances à rallonge ont éprouvé les nerfs de la majorité, tant les amendements et récriminations de l’opposition étaient répétitifs.

Mais pourtant, il y avait beaucoup de discussions intéressantes à avoir, et les députés se sont bien gardés de les aborder. Le législateur anglais, lui, a été beaucoup plus efficace. Le mariage y a été ouvert aux homosexuels en quelques heures de discussions seulement, en incluant des points que les députés français auraient été bien inspirés de traiter.

Pas de « consommation »

Rappelons que le mariage civil, au-delà de la reconnaissance sociale de l’union de deux individus, a été institué pour permettre de transmettre le patrimoine familial aux descendants. Il s’accompagne donc de l’exclusivité sexuelle – il faut s’assurer que les enfants du couple ont bien été engendrés par les deux mariés. Et ce mariage peut être annulé s’il n’a pas été consommé – c’est-à-dire s’il n’y a pas eu de pénétration vaginale.

Qu’en est-il au sein d’un mariage entre deux personnes de même sexe? Puisque les deux époux ou épouses ne peuvent naturellement pas engendrer, que faire de l’exclusivité sexuelle imposée par la loi?

Les rédacteurs de la nouvelle loi anglaise ont exclu la notion de consommation du mariage entre deux homosexuels, se déclarant incompétents alors qu’ils cherchaient à définir ce qu’était la consommation du mariage dans ce cas. Ils ont aussi exclu l’adultère des causes de divorce entre homosexuels, mais seulement dans le cas d’une relation homosexuelle en dehors du mariage. Si un homo marié entretenait une relation hétérosexuelle en dehors du mariage, le divorce pourrait cependant être prononcé pour « comportement déraisonnable ».
Depuis la pilule et le divorce, le mariage aurait dû être repensé

Les homosexuels et lesbiennes de France vont quant à eux devoir se soumettre à la clause de « fidélité » déjà présente dans le mariage, et qu’aucun de nos députés n’a eu l’idée de questionner (dans la loi, parce que dans les faits, certains ne s’en cachent pas). Il leur sera donc impossible d’avoir des relations sexuelles en dehors du couple sans s’exposer au divorce – et on se demande ce que va devenir le devoir conjugal.

A l’heure où les tests ADN changent radicalement la notion de paternité (puisqu’un enfant peut se réclamer d’un père jusqu’à ses 28 ans), alors que l’on estime qu’entre 10% et 20% des enfants ne sont pas élevés par leur père biologique et ne le savent pas, alors que la contraception et le divorce bousculent également les possibilités de distinction entre la conception et la famille, les députés anglais ont choisi finalement de créer, sous la même appellation deux mariages différents. Les députés français d’astreindre les homosexuels aux mêmes règles obsolètes que les hétérosexuels.

Le mariage est-il un boulet qui doit être partagé par tous? C’est peut-être ce qu’a voulu dire François Gabart, vainqueur du Vendée Globe, lorsqu’il s’est excusé d’avoir fait de l’ombre à la manifestation pro-mariage pour tous le jour de son arrivée : « Je pense qu’il ne faut épargner personne »…

source:.lexpress.fr