« Hervé Mariton désigne un rapporteur du doigt. Plusieurs de ses collègues UMP l’imitent. Quelques uns bondissent, Yves Albarello, Philippe Meunier et Daniel Fasquelle en tête. Les huissiers s’interposent en masse pour protéger le fonctionnaire. Attroupement général. Ça se bouscule, ça vocifère de toutes parts. Xavier Breton hurle : « Les fonctionnaires doivent rester neutres, c’est pas le lobby LGBT qui gouverne ! » ».
Vous ne verrez sans doute jamais de vidéo de ce qui s’est passé cette nuit à l’Assemblée, alors il faut que je vous raconte.
A l’aube de ce vendredi, vers 0h45, un incident de séance spectaculaire a éclaté dans l’hémicycle. La plupart des députés interrogés s’accordent à le considérer comme le plus « violent » de leur carrière. « Ça fait trente ans que je siège dans cet hémicycle, je n’ai jamais vu ça », assure pour sa part Alain Vidalies, le ministre des Relations avec le Parlement.
Depuis le début, mercredi, de l’examen en deuxième lecture du projet de loi « ouvrant le mariage aux personnes de même sexe », les députés socialistes font tout pour en finir le plus vite possible. La plupart du temps, ils restent silencieux, laissant l’UMP s’épuiser dans un monologue dépourvu de sens.
A ce stade, pour l’opposition, mettre le feu est la seule manière de faire durer les choses. Et la seule preuve qu’ils peuvent donner aux partisans de la « Manif pour tous » qu’ils peuvent être dignes de leur confiance.
« Il a ricané » / « Il a soupiré »
En fin d’après-midi, une ou deux provocations ont failli prendre. Mais les anciens du groupe socialiste se sont rapprochés de leurs plus fougueux collègues : « On ne réagit pas. »
L’élément décisif est venu de l’extérieur, après le dîner. Laure de la Raudière, de retour du sit-in organisé par les « veilleurs » de la « Manif pour tous » sur l’esplanade des Invalides, prend la parole dans l’hémicycle. Elle explique qu’elle est « profondément choquée » par « le déploiement de CRS » face à « des jeunes qui chantaient ».
Marc Le Fur prend le relais et raconte, des trémolos dans la voix, qu’un manifestant « a été touché à la gorge », que « notre collègue Dhuicq utilise ses compétences de médecin pour l’accompagner » et qu’une jeune fille « à lunettes » a été « traînée » par des CRS.
Ce récit provoque, chez un fonctionnaire de la Justice assis juste derrière Christiane Taubira, une moue. « Il n’a pas cessé de ricaner », selon la droite. « Il a soupiré », selon la gauche.
« C’est pas le lobby LGBT qui gouverne ! »
Hervé Mariton le désigne du doigt. Plusieurs de ses collègues UMP l’imitent. Quelques uns bondissent, Yves Albarello, Philippe Meunier et Daniel Fasquelle en tête. Les huissiers s’interposent en masse pour protéger le fonctionnaire. Attroupement général. Ça se bouscule, ça vocifère de toutes parts. Xavier Breton hurle :
« Les fonctionnaires doivent rester neutres, c’est pas le lobby LGBT qui gouverne ! »
Tout le monde dit : « On n’a jamais vu ça. »
La retransmission vidéo est coupée, comme à chaque interruption de séance.
Encore quelques cris puis l’hémicycle se vide. Dans les couloirs, quelques députés rient de ce coup. Les autres foncent se scandaliser devant les caméras. Philippe Meunier exhibe une ballerine trouvée sur place – double preuve selon lui de la violence des CRS et du caractère inoffensif des manifestants.
A 1h20, la séance reprend. « Rien ne peut justifier » ce qui vient de se dérouler, gronde Claude Bartolone :
« Nous ne sommes pas des collégiens qui avons des difficultés avec un regard de travers ! »