Mariage homo : le pape François ne sera pas plus tolérant, mais…

LE PLUS. Elu le 13 mars, Jorge Bergoglio, devenu François, n’est pas un pape modéré. Ses prises de position à propos du mariage pour les couples de même sexe est fidèle aux positions de l’église catholique. Giuseppe di Bella, co-responsable de Stop Homophobie, le regrette et aimerait que celui-ci soit plus ouvert au dialogue

Sans aucune surprise, le nouveau pape François est un vieil homme célibataire. Il ne pouvait en être autrement, les femmes étant écartées de la prêtrise et des plus hautes responsabilités au sein de l’Eglise catholique. À 76 ans, il devient le chef spirituel des catholiques et souverain de l’État de la cité du Vatican, dernière monarchie absolue de droit divin du monde.

Premier pape du continent américain, il est également le premier souverain pontife provenant d’un pays, l’Argentine, où le mariage pour les couples de même sexe a été légalisé. Une grande première. Un espoir d’ouverture sur ce sujet de société au centre de nombreuses polémiques, un peu partout dans le monde ?

Un pays cité en exemple

L’Argentine est un pays qui est souvent cité en exemple en Amérique latine pour les droits des personnes homosexuelles. Elles peuvent s’y marier en toute légalité depuis 2010. À l’époque, plus de 70% des Argentins étaient favorables à cette nouvelle disposition législative. Le droit à l’adoption, par contre, ne leur est pas encore accordé pour l’instant.

Bien entendu, l’Eglise catholique argentine, à l’instar de celle de France et de nombreux autres pays dans le monde, s’est opposé de manière assez virulente à l’ouverture du mariage pour les couples de même sexe. Son chef n’était autre que le cardinal Jorge Mario Bergoglio, aujourd’hui devenu pape. Il n’a rien d’un progressiste. Ne nous laissons pas tromper par son air bonhomme et son visage qui inspire la sympathie. C’est un ardent défenseur de la famille dite « traditionnelle ».

Jamais mariés et sans enfants, les prêtres ont toujours eu tendance à vouloir donner des conseils sur la façon de faire famille. Il avait même déclaré, entre autres, que le mariage des couples homosexuels était la manifestation de « l’envie du démon, une volonté qui prétend sévèrement détruire l’image de Dieu ». La présidente de la République argentine Cristina Kirchner avait sévèrement condamné ses propos, en faisant référence directement à l’Inquisition. Il a également été un vif opposant à la reconnaissance des droits des personnes transsexuelles lorsque son pays leur a octroyé le droit de changement de sexe à l’état civil.

Ne pas le condamner trop rapidement

On connait donc les positions du cardinal, mais celle du pape pourraient-elles être différentes ? On peut en douter fortement, mais ne le condamnons pas trop rapidement. Le fait d’avoir vécu dans un pays où le mariage des couples homosexuels s’est particulièrement bien intégré dans une société majoritairement catholique et plutôt égalitaire pourrait éventuellement lui avoir donné un regard neuf, différent. C’est ce que de nombreux gays et lesbiennes qui ne trouvent plus leur place au sein l’Église catholique depuis le pontificat de Benoît XVI espèrent de tout cœur.

Alors que Benoît XVI avait placé la lutte contre l’homosexualité et l’ouverture de nouveaux droits aux couples homosexuels parmi ses priorités. On ne peut qu’espérer que le pape François aura bien d’autres sujets plus importants sur lesquels il portera toute son attention. Il y a tant de combats, bien plus nobles, que pourrait mener l’Eglise catholique et qui redoreraient son blason déjà bien terni.

Un vent d’égalité pour les gays et les lesbiennes souffle actuellement un peu partout dans le monde. À un moment crucial pour son histoire, l’Église catholique serait bien inspirée de changer le regard qu’elle leur porte et de ne pas faire la sourde oreille à leurs revendications légitimes. Sans parler de pape « gay friendly », on peut espérer un pape moins agressif, plus respectueux et plus ouvert au dialogue, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent.

source:nouvelobs.com