Mariage homo : Nicolas, « maltraité » et « bousculé » en prison

Un mois après sa libération, après trois semaines de détention, le seul opposant à la loi Taubira à avoir été emprisonné raconte.

A 23 ans, il est devenu le symbole le symbole de cette « répression politique » dont s’estiment victimes les opposants à la loi Taubira. Nicolas Bernard-Buss, remis en liberté le 9 juillet après avoir été détenu près de trois semaines à Fleury-Mérogis, est le seul militant anti-mariage homo à avoir été écroué. En première instance, il a été condamné à 200 euros d’amende pour une action surprise sur les Champs-Elysées, puis à quatre mois de prison dont deux ferme, pour rébellion et fourniture d’une identité imaginaire, pour une autre action le 25 mai. Il a vu sa peine ramenée en appel à 3.000 euros d’amende. Un mois après sa libération, le jeune homme revient sur ses conditions de détention, dans une interview accordée au magazine « Valeurs Actuelles » daté du 8 août, qui n’hésite pas à parler d' »un jeune inoffensif » condamné pour « délit d’opinion ».

Dans le fourgon qui le conduit à la prison, située dans l’Essonne, « Les autres détenus se moquent de moi. ‘Petit bourgeois, qu’est-ce que tu fais là ?’, relate l’étudiant à l’institut catholique de Paris. Je me fais insulter. Ils croient impossible que je sois condamné pour rébellion ». Arrivé sur place, le militant est conduit à la fouille : « c’est dégradant, déshumanisant, profondément humiliant ». Avant d’être placé à l’isolement médical. Le temps de son enfermement, le jeune homme n’a eu de contacts qu’avec ses avocats, un aumônier, et quelques députés venus lui rendre visite.

Il garde un souvenir amer de la réalité pénitentiaire. « Je suis donc tout seul dans une cellule de 3 mètres carrés, au rez-de-chaussée. Il y a des excréments dans les coins, du vomi séché au mur, la paillasse est imbibée d’urine », raconte-t-il à « Valeurs Actuelles ». « Les détenus des étages jettent leurs ordures par leur fenêtre, qui tombent devant mes barreaux. Quand je regarde dehors, je vois des ordures, des rats, des corbeaux et, dans la cellule, des blattes et des cafards… Mais si les conditions physiques et d’hygiène sont éprouvantes, c’est la violence psychologique qui met à plus rude épreuve », dit aussi celui qui s’insurge de ne pas avoir eu d’accès à la douche, après sept jours de détention.
« Affichettes pornographiques »

Nicolas Bernard-Buss, qui s’était posé en victime lors de ses deux comparutions, affirme s’être senti « en danger. « J’étais maltraité dès qu’on me déplaçait, bousculé en toute occasion ». Interrogé sur l’aspect de sa détention qu’il a le plus mal vécu, il confie : « Seul dans ma cellule, sans aucune activité, sans repères, entre des affichettes pornographiques collées sur les murs, j’ai dû lutter pour ne pas me sentir un sous-homme ». « On perd confiance en soi, même si on a décidé de résister. On commence à se demander si on n’a pas mérité ça », ajoute-t-il. Mais le soutien qu’il a reçu n’est pas pour lui déplaire. « Savoir que mon incarcération peut servir à remobiliser les opposants à la loi Taubira me redonne un moral d’acier », se souvient Nicolas.

Au bout de quelques jours, il est transféré dans une cellule du quartier de très haute sécurité (THS). Dans la cellule voisine de la sienne : Redoine Faid. « J’ai pu discuter avec lui par la fenêtre. Je lui ai dit en riant : ‘Si tu t’évades, prends-moi avec toi !' ».

A. S. – Le Nouvel Observateur