Mariage homosexuel : Hollande suscite craintes et espoir

Si le programme sociétal du socialiste inquiète la droite conservatrice, elle crée une immense attente au sein des organisations de défense des droits des homosexuels.

A la Mutualité, dimanche soir, les supporters les plus fervents de Nicolas Sarkozy l’évoquent souvent comme un « repoussoir ». Le programme économique du socialiste passe encore. Mais le mariage homosexuel ? Les visages des militants UMP se tordent d’effroi. « Ca, c’est parce qu’on est chrétiens! », se justifie avec aplomb une jeune pop’. Déjà, sur les réseaux sociaux, le sujet enflamme les passions.

« Le Parti chrétien-démocrate devient aujourd’hui le fer de lance de la résistance », clame pour sa part Christine Boutin. L’ancienne ministre, connue pour son opposition à l’avortement mais aussi au mariage homosexuel, appelle sans attendre à « résister à l’entreprise de sape de notre société que la gauche écolo-socialo-communiste va mener ». Pour elle, l’élection de François Hollande « signe la victoire d’une gauche archaïque sur le plan économique et libertaire sur le plan social ».

« Une attente et une exigence très fortes »

« Heureux de savoir désormais que dans les mois qui viennent je vais enfin pouvoir me marier ! », s’est immédiatement enthousiasmé Jean-Luc Roméro sur son compte Twitter. Militant associatif maintenant apparenté au PS, cet ancien membre de l’UMP avait été le premier homme politique de droite a révéler sa séropositivité en 2002.

Pour les organisations de défense des droits des homosexuels, le « soulagement » est « immense ». « Car Nicolas Sarkozy a extrêmement durci sa position dans la dernière ligne droite de la campagne », confie à France-Soir Nicolas Gougain, porte-parole de l’Interassociative Lesbienne, Gaie, Bi et Trans (Inter-LGBT). « Il en a carrément fait un argument dans sa profession de foi du second tour », regrette-t-il, soulignant qu’en 2007 le candidat UMP avait « au moins » fait des « propositions alternatives, même si insuffisantes ». « C’est pour ça qu’on est un peu sorti du bois », explique-t-il. Quatre jours avant l’échéance, l’association avait appelé à voter François Hollande. Une prise de position inédite (si ce n’est pour le duel Chirac-Le Pen).

Pour autant, l’Inter-LGBT sait pertinemment que la marge de manoeuvre du nouveau président sera conditionnée par la composition de la future majorité. « Dès demain, on va interpeller les candidats aux législatives pour connaître leurs positions », annonce Nicolas Gougain. « On entre dans la période des marches des fiertés », rappelle-t-il. « A Paris, elle aura lieu le 30 juin, soit deux semaines après les résultats des législatives », ajoute-t-il. « Ce sera le premier rendez-vous social, il y a donc une attente et une exigence très fortes, un espoir possible car François Hollande a été élu hier », conclut-il.

« C’est une bonne chose », affirme un jeune pop’

A l’opposé, Gaylib, l’association gay de l’UMP, n’avait pas souhaité donner de consigne de vote, laissant ses adhérents choisir leur candidat. « Nous n’abandonnons pas notre combat dans notre famille politique pour l’égalité des droits mais nous estimons que chacun doit faire son arbitrage », avait déclaré à l’AFP le président de Gaylib, Emmanuel Blanc. « Pour ma part, je n’appelle pas à voter pour François Hollande, car j’estime que son élection serait une catastrophe pour les finances et pour l’économie française », avait-il justifié. Mais à l’UMP, certains homosexuels sont moins catégoriques. Que François Hollande instaure le mariage gay ? « C’est une bonne chose », affirme même un responsable adjoint des jeune pop’ avant de tempérer, prudent : « Reste à savoir quand il le fera et comment ? ».

Par Chloé Demoulin
source : france soir