Le président Barack Obama créé un véritable séisme politique en annonçant, à six mois de la présidentielle, son soutien au mariage pour les couples de même sexe. Pendant ce temps, le nouveau président français, François Hollande, se prépare à mettre en œuvre son Engagement 31, mettant tous les couples sur un pied d’égalité. Et outre-Manche, c’est le premier ministre conservateur David Cameron qui a mis en consultation un projet de loi permettant aux gays et aux lesbiennes britanniques d’accéder au mariage. Quant à l’Allemagne, ses partis de gauche actuellement minoritaires sont dans les starting-blocks: deux länder ont déjà soumis des propositions de loi au parlement fédéral.
Les grands pays mettent la vitesse supérieure en matière d’égalité pour les gays et les lesbiennes. Et la petite Suisse dans tout ça? Manifestement, le débat sur le «mariage gay» n’agite guère nos concitoyens. La «menace» ne semble même pas en vue dans les milieux évangélique ou catho. Bref, c’est le calme plat. D’autant que les associations LGBT helvétiques n’ont jamais été très chaudes à employer le mot «mariage». En commentant les déclarations du président Barack Obama cette semaine, l’association nationale des gays Pink Cross s’est ainsi bien gardée préconiser le mariage pour tous en Suisse. «Il faut que nous autres gays et lesbiennes ne soyons plus privés d’une part de nos droits humains. Il faut que la loi fasse en sorte que nous ne soyons plus discriminés sur la base de notre orientation sexuelle», conclut le secrétaire général Uwe Splittdorf dans son communiqué. Quand Pink Cross prononce la mot tabou, c’est contraint et forcé. Comme lorsque le Parti démocrate-chrétien a suggéré d’inscrire le caractère hétérosexuel du mariage dans la Constitution à la faveur de son initiative sur l’imposition fiscale des ménages. Mais le malaise était perceptible dans la réponse des militants LGBT.
Les mêmes droits, mais chacun chez soi
S’il y a des pays qui n’ont pas de pétrole mais qui ont des idées, la Suisse n’a pas de mariage mais elle a le partenariat enregistré. Et celui-ci fait son petit bonhomme de chemin, avec en perspective la levée au moins partielle des restrictions en matière de filiation. Et une fois que le partenariat enregistré offrira les mêmes droits et devoir que le mariage l’égalité avec les couples mariés, qui se souciera de le rebaptiser «mariage»? Une institution pour les homos et une pour les hétéros: les mêmes droits, mais chacun chez soi. Une situation un peu absurde, mais qui colle à merveille à un système politique qui a toujours eu en horreur les révolutions, fussent-elles sociales.