Les députés français ont, récemment adopté le projet de loi sur « le mariage pour tous« , alors que leurs homologues algériens n’osent même pas prévoir un éventuel projet de loi pour protéger la communauté LGBT, de toute sorte d’agression, législative et morale, qu’elle subisse depuis des années, sous prétexte que l’homosexualité reste un fait contradictoire avec les fondements de l’Islam.
Rares sont ceux qui peuvent, aujourd’hui, imaginer un musulman pratiquant homosexuel. On oublie souvent que l’homosexualité a toujours été encrée, assumée et pratiquée en Terre d’Islam.
La charia islamique est basée sur deux principaux fondements : la Tradition mohammadienne, et le Coran qui regroupe les paroles de Dieu qui relatent la vie du Saint Prophète Loth qui s’est opposé à la perversion de son peuple Sodome.
Selon la sourate ХХІХ : « Nous avons envoyé Loth ; il dit à son peuple : ‘vous commettez une turpitude que personne, dans l’univers, n’a commis avant vous. Vous vous approchez des hommes, vous coupez les chemins, vous vous livrez, dans vos assemblées à des actions abominables’ ajoutant : ‘Abuserez-vous des hommes au lieu de femmes pour assouvir vos appétits charnels? En vérité vous êtes un peuple livré aux excès' »
Des versets soumis à maintes interprétations, et avec lesquels sont justifiés les sévères châtiments et textes juridiques radicaux qui punissent les homosexuels dans le monde musulman. A savoir qu’ils sont condamnés à mort dans certains pays, à l’instar du Yémen, le Soudan et la Mauritanie.
Les cercles religieux conservateurs prennent les versets cités ci-dessus comme un appel divin direct à éliminer et à éradiquer les homosexuels ; alors que certains autres, y compris des théologiens et académiciens, pensent le contraire, interprétant différemment les versets et en expliquant le châtiment du peuple de Sodome par principalement la pratique des « actions abominables »: cambrioler, couper les chemins et agresser les caravanes qui passent.
Plusieurs textes classiques de la littérature arabe, datant de l’époque du prophète Mahomet (570-632), des Dynasties Omeyyades (661-750) et Abbassides (750-1258), nous apprennent que l’homosexualité a toujours été une pratique tolérée, autorisée et très répandue. Il suffit de lire, par exemple, les « Lettres » de Al-Jahiz (776-869), auteur du célèbre « Livre des avares ». Mais aussi le fameux « Mille et Une nuits », ou les « Maqamat » de l’auteur irakien Badi’ al-Zaman al-Hamadani (967-1007) qui raconte le délire et le plaisir des homosexuels dans les bains maures de Baghdâd. Nous trouvons une description détaillée de la vie des gays et leurs manières de vivre dans les textes de certains brillants poètes, comme Abou Nouawas (747-815), Bachar Ibn Burd (714-784) et Safieddine el-Houli (1276-1349).
D’ailleurs, le Coran s’adresse, ouvertement, aux fidèles croyants et leur promet des beaux garçons, des jeunes hommes de grande beauté, au paradis, avec lesquels ils peuvent assouvir leurs plaisirs. On lit dans la sourate LХХVІ, dans un passage consacré aux délices de la vie dans l’au-delà : « Des éphèbes immortels circulent autour d’eux. Tu les compares, quand tu les verras, à des perles détachées ».
Le Coran ne réprime pas directement l’homosexualité. Il ne l’interdit pas en tant que pratique maudite, comme le cas de la fornication ou bien de la sorcellerie qu’au contraire il cite publiquement. Mais il prend une position modérée quand il appelle les homosexuels dans la sourate ІV : « Si deux d’entre vous commettent une action infâme, sévissez contre eux, à moins qu’ils ne se repentent et ne se corrigent. Dieu revient sans cesse vers le pécheur repentant, il est miséricordieux ». Un message clair, très expressif, de pardon et d’indulgence. Il est à signaler que les historiens nous rapportent le nom de nombreux homosexuels arabes musulmans célèbres, qui ont vécu à La Mecque, le fief de l’Islam, et qui ont marqué leur génération, comme al-Hakam Ben Abi al-As, Abu Jahl Ben Hichem et Habar Ben Assouad, ainsi que des lesbiennes, comme Hind Ben Nouaman Ben Moundir et Zarka al-Yamama.
Malgré tout le diktat social et la pression religieuse imposée, l’homosexualité est, de plus en plus, présente dans les sociétés musulmanes actuelles. Moins visible dans la vie quotidienne, mais très apparente dans le monde virtuel. Les homosexuels musulmans, du Maroc jusqu’en Indonésie, surtout les jeunes, mais aussi les moins jeunes, se réfugient dans Internet pour s’exprimer. Ils échangent leurs peurs, leurs détresses, leurs malheurs et leurs espérances, à travers des sites, des blogs, des forums, et les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Ils affichent leur admiration pour certaines célébrités, comme le chanteur britannique Elton Jhon et la star de la musique raï algérienne : Cheb Abdou.
Si la majorité évite de se déclarer et esquive ainsi le « choc » d’affronter les clichés et les préjugés de la société et le regard inferieur des autres, il y en a certains autres qui ont, bel et bien, déclaré leur homosexualité, assumé leur choix et bravé le « mur du silence » conventionnel, à l’instar des écrivains marocain Abdellah Taïa, auteur du « Jour du Roi » (2010) et l’algérienne Nina Bouraoui, auteure de « Mes mauvaises pensées » (2005). Ajoutant à cela qu’une association, « Helem » (rêve), qui lutte pour les droits des homosexuels dans le monde arabe a vu le jour en 2004 au Liban. Et le premier journal destiné aux homosexuels est sorti, fin 2010, au Maroc portant le nom « Methly », publié en arabe et en français.
Généralement, les sociétés arabo-musulmanes contemporaines rejettent la notion de la « différence », refusant de dialoguer avec « l’autre », s’enfermant toujours autour d’un certain « égocentrisme », une bulle « solitaire » qui les empêche de se regarder eux-mêmes et de regarder le monde qui les entoure.
source:.huffingtonpost.fr