L’obscurantisme ultra-orthodoxe ne constitue pas –et de loin- l’essentiel de la religion juive. D’autres écoles dont le puissant mouvement du judaïsme libéral, manifestent un esprit d’ouverture dont nombre d’Eglises gagneraient à s’inspirer.
C’est un mariage tout ce qu’il y a de traditionnel qui s’est déroulé à la Grande Synagogue de Stockholm (Suède) ce 9 juin : sous la houpah (dais nuptial), il y a eu la prière puis les futurs époux ont bu quelques gouttes d’un verre de vin avant d’échanger les anneaux.
Le rabbin a alors lu la ketoubah (contrat de mariage), les verre ont été brisés de vigoureux coups de pied, et, après le traditionnel « vous pouvez vous embrasser » (ou son équivalent suédois), toute l’assistance est passée à table avant de danser jusqu’à la fin de la nuit.
Sauf qu’il s’agit d’une première juive dans le pays et –sauf erreur- en Europe : déjà les mariés vivaient en couple depuis 28 ans et, ah oui, c’étaient deux hommes. Quant au rabbin, il appartenait, au courant « conservateur »* (ou « massorti »).
Il faut savoir que, de façon générale, on est bien loin en Suède des crises de nerfs à la française sur la question du mariage entre gens du même sexe. Il a été autorisé en 2009, sans que personne ne s’en émeuve. Mariage civil mais aussi religieux.
Car cette loi fait aussi obligation à la religion dominante du pays, l’Église luthérienne, de marier gays ou lesbiennes. Un pasteur a le droit de se désister à titre personnel mais l’Eglise doit alors lui trouver un remplaçant.
Fort heureusement, cette législation ne pose pas (trop) de problèmes au sein de la petite (entre 15 et 20.000 âmes) communauté juive puisqu’elle est en passe de devenir majoritairement massorti.
Or, ce courant du judaïsme libéral*, s’il respecte, comme les orthodoxes, les commandements et interdictions de la loi de Moïse, estime que les rabbins d’aujourd’hui ont le droit d’interpréter l’application de ces lois.
Et dès mars 2000, les rabbins libéraux (majoritaires aux Etats-Unis) ont adopté un texte affirmant que : « une relation entre deux hommes juifs ou deux femmes juives peut être entérinée par un rituel juif.»
Dans le même esprit de tolérance, ils ont aussi reconnu aux rabbins le droit de refuser, le cas échéant, de bénir de telles noces. Une position proche, on le voit de la législation suédoise. Et, d’évidence c’est aussi celle du rabbin de la Grande synagogue de Stockholm.
Le mariage a donc été célébré selon la tradition juive, dans la joie et la bonne humeur. Un événement appelé, on n’en doute pas, à devenir banal
*Le judaïsme libéral entend rester fidèle à la religion juive en l’adaptant au temps présent. Il se divise en deux grands courants : d’une part, les « Réformateurs » qui estiment qu’on peut se passer de divers rituels ou observances devenus désuets. De l’autre, les « Massorti » qui veulent conserver l’ensemble du corpus juif mais en l’adaptant à la modernité.
source:cclj.be