MANIFESTATION – Les organisateurs revendiquent 270.000 participants à la «Manif pour tous», la préfecture table, elle, sur 45.000 personnes…
Plusieurs dizaine de milliers d’opposants au mariage homosexuel ont manifesté dimanche à Paris pour demander à François Hollande de renoncer à son projet de loi sur le «mariage pour tous», qui devrait être définitivement adopté mardi au Parlement.
Mais la mobilisation contre ce texte a marqué le pas par rapport à la manifestation du 24 mars, qui avait réuni 300.000 personnes selon la police, 1,4 million selon les organisateurs. Selon la préfecture de police de Paris, 45.000 personnes ont défilé dimanche de la place Denfert-Rochereau, dans le XIVe arrondissement, à l’esplanade des Invalides. Le collectif «La Manif pour tous», organisatrice de cette marche, a pour sa part revendiqué 270.000 participants. «Il s’agissait d’une manifestation de nature régionale et non pas nationale, donc je ne tirerais pas de conclusion trop hâtive du chiffre des manifestants», a cependant dit la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, à France-Inter.
Les manifestants, surtout des familles mêlant enfants, parents, adolescents et personnes âgées, ont défilé sous le soleil avec un mot d’ordre, «Hollande, ta loi on n’en veut pas».
En fin de soirée, une centaine de manifestants ont refusé d’évacuer la place des Invalides. Assis au sol, certains priaient tandis que d’autres entonnaient des chants «à boire». La gendarmerie mobile a procédé à une dizaine d’interpellations.
«Résistance»
Le risque de voir des activistes d’extrême droite, auteurs ces temps-ci d’agressions homophobes, se mêler au cortège avait incité les organisateurs à déployer un service d’ordre conséquent en plus de l’important dispositif policier mis en place par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Les manifestants, rangés sous une marée de drapeaux roses et bleus derrière une banderole proclamant «Tous gardiens du code civil» et des élus, en particulier de l’UMP, ceints de leur écharpe tricolore, réclamaient un référendum ou le retrait pur et simple du texte.
«La loi n’est ni votée ni promulguée. Nous avons prévenu le président de la République dès le mois de novembre que nous ne lâcherions rien et que nous ferions tout pour que ce projet de loi ne soit pas adopté ou soir retiré une fois adopté», a dit à Reuters le coordinateur de la manifestation, Albéric Dumont.
La présidente du Parti Chrétien-Démocrate, Christine Boutin, particulièrement active, a pour sa part estimé que l’enjeu dépassait le projet de loi sur le «mariage pour tous». Elle a comparé le mouvement au syndicat Solidarnosc, qui a été à la pointe de la lutte contre le communisme dans la Pologne des années 1980.« Que le texte soit voté mardi ou pas, ça ne change absolument rien, le combat et la résistance silencieuse et pacifique sont en marche à l’image de Solidarnosc.»
«Appels au calme»
La porte-parole du collectif «La Manif pour tous», Frigide Barjot, avait lancé un appel au calme en fin de matinée et averti que le service d’ordre de la manifestation – un millier de bénévoles et les agents de trois sociétés de sécurité engagés pour l’occasion – dénonceraient les éléments extrémistes.
Selon le ministère de l’Intérieur, quelque 2.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour parer à toute violence. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, était allé en début d’après-midi sur le parcours de la manifestation vérifier le dispositif de sécurité. «Il appartient aux organisateurs de la manifestation que les choses se passent le mieux possible», avait-il averti, accusant des «groupes d’extrême droite» et «très violents» de vouloir «atteindre les institutions de la République».