L’Assemblée nationale va voter mardi le projet de loi sur le mariage homosexuel, première réforme sociétale d’importance de la majorité socialiste depuis l’élection de François Hollande, avant que le texte ne soit examiné le mois prochain par le Sénat.
Après dix jours d’une bataille parlementaire intense menée par une poignée de députés UMP, le vote interviendra mardi après-midi, aux environs de 17H30, après les questions au gouvernement.
L’issue du vote ne fait aucun doute, la gauche disposant d’une large majorité.
La surprise pourrait bien plutôt venir de la droite: Christian Jacob, président du groupe UMP, a prévenu, au cours du week-end, que 10 à 15% de ses 196 députés pourraient, soit s’abstenir, soit voter pour le mariage gay.
A ce jour, seuls deux élus UMP, Franck Riester et Benoist Apparu, se sont ouvertement déclarés en faveur du mariage homo.
Trois autres, Nathalie Kosciusko-Morizet, potentielle candidate à la mairie de Paris, Edouard Philippe, député-maire du Havre, et, tout récemment, Pierre Lellouche, député de Paris, ont indiqué qu’ils s’abstiendraient.
« Je respecte la liberté de deux adultes de même sexe, liés par des sentiments amoureux, de construire leur vie ensemble et de voir leur union pleinement reconnue par la société », a affirmé lundi sur son blog l’ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes.
« Je confesse que sur ce point, j’ai personnellement évolué au fil de ces dernières années, comme d’ailleurs beaucoup de nos concitoyens », a-t-il ajouté, rappelant que s’il avait voté « contre le PaCS en 1999 », il a soutenu, « en 2007 les propositions du candidat Nicolas Sarkozy visant à instituer en France un contrat d’union civile, reconnaissant – sauf pour les questions de filiation – l’égalité des droits entre couples homosexuels et hétérosexuels ».
Chez les centristes de l’UDI, cinq députés devraient voter en faveur du texte: trois l’ont déclaré – Jean-Louis Borloo, Yves Jégo et Jean-Christophe Lagarde – et deux devraient l’annoncer mardi matin .
Nul doute que mardi, les très nombreux citoyens qui ont déjà assidûment suivi les débats sur le site de l’Assemblée, surveilleront de près le vote de leurs députés respectifs.
L’incertitude joue aussi à gauche mais de façon très marginale, chez les élus ultramarins. Après Bruno Nestor Azérot (GDR, Martinique) qui a affirmé son opposition au projet dès les premières heures de discussion, d’autres députés de gauche d’outre-mer pourraient suivre. Gabriel Serville (GDR, Guyane), Alfred Marie-Jeanne (GDR, Martinique) ont déjà indiqué qu’ils ne voteraient pas le texte. Serge Letchimy (apparenté PS, Martinique) a lui fait savoir qu’il voterait pour. Mais beaucoup risquent d’opter pour la tactique de la chaise vide: pas de présence, pas de vote.
Une fois le texte voté à l’Assemblée, le combat de l’opposition se poursuivra au Sénat, théoriquement à partir du 18 mars (la date doit encore être confirmée).
A la chambre haute, pour éviter des navettes avec l’Assemblée et de trop longues diatribes de l’opposition, les sénateurs de la majorité – qui ne disposent que de six voix d’avance – pourraient être tentés de voter « conforme », c’est-à-dire sans modifdication, le texte adopté par les députés.
« C’est possible à condition de bien travailler ce dossier en amont. Il faut prendre un certain nombre de garanties », a déclaré le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel.
Mais le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a nuancé: « Le gouvernement ne peut pas faire de pronostic sur ce qui se passera au Sénat, mais de ce que je sais, le Sénat exercera pleinement sa compétence. Nous aurons bien, sur ce texte, une nouvelle lecture après la lecture au Sénat ».
Le combat de la droite se poursuivra aussi dans la rue, les anti-mariage gay appelant à une nouvelle grande manifestation le 24 mars.