Des milliers de marcheurs (20.000, selon les autorités) vêtus aux couleurs de l’arc-en-ciel ont défilé ce dimanche 10 septembre dans les rues de Sydney et de Brisbane, deux jours avant l’envoi du matériel de vote aux 15 millions d’électeurs australiens appelés à se prononcer « sur la base du volontariat ».
En dépit d’une opinion publique largement favorable, l’Australie fait en effet partie des derniers pays occidentaux à ne pas avoir adopté le mariage pour tous. Les élus piétinent depuis plus de dix ans sur la façon d’y parvenir. Les couples homos peuvent nouer des contrats d’union civile et faire reconnaître leur relation dans la plupart des Etats, mais le mariage demeure régi par la loi fédérale, qui le limite ainsi à l’union d’un homme et d’une femme.
Début août, suite au rejet, par deux fois au Sénat, de son projet d’élection populaire consultative sur le sujet, le Premier ministre Malcolm Turnbull a confirmé l’organisation d’un vote postal, « pour tenter de régler la question avant la fin de l’année ». L’opposition et les associations défendaient un vote libre au Parlement, de façon « à permettre aux élus de ne pas être tenus par la ligne de leur parti. »
Des militants ont ainsi dénoncé les risques de clivage et discours haineux contre les homosexuels et leur famille, et déposé des recours devant la Haute cour. Mais la justice les a rejetés jeudi, dans une décision saluée par le Premier ministre, personnellement favorable à l’égalité des droits, mais qui doit affronter l’aile droite de son parti conservateur, très hostile à cette ouverture.
Il a néanmoins réitéré ses positions et annoncé qu’il voterai « oui », parce que fondamentalement « c’est une question d’équité. Cette réforme a déjà eu lieu partout dans le monde. Dans toutes ces nations, est-ce que le ciel leur est tombé sur la tête ? Est-ce que la vie telle qu’on la connaît a pris fin ? Le mariage traditionnel a-t-il été mis en danger ? La réponse pure et simple, c’est non », a-t-il déclaré dimanche devant une assemblée de partisans.
Mais la victoire n’est pas certaine, comme en témoigne une enquête, menée entre fin août et début septembre et publiée samedi par le groupe Fairfax Media, qui note un recul du oui de six points en deux semaines. 58,4% des sondés se disent désormais favorables, contre 31,4% pour le non, qui grimpe de 2%, avec les « ne savent pas », qui passent de 7 à 10,2%.
Le sondage montre également que le taux de participation pourrait être très faible.
Le dirigeant travailliste Bill Shorten, favorable à la légalisation du mariage pour tous, est d’ailleurs monté au créneau, évoquant un scrutin qui concerne « notre identité en tant que nation. Nous pouvons gagner (…). Nous pouvons franchir cette montagne », a-t-il lancé.
Le vote postal s’achèvera le 7 novembre et le résultat sera publié avant la fin du mois.