Il y a dix ans ce 23 avril 2023, après des mois d’un marathon législatif enragé, la France devenait le 9e pays européen et le 14e pays au monde à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
Engagement de François Hollande pendant sa campagne présidentielle, porté par Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, le texte de loi sera voté à l’Assemblée nationale, par 331 voix pour, 225 contre et 10 abstentions, puis officiellement promulgué le 17 mai, pour l’IDAHOBIT. Un premier mariage suivra dès le 29 mai à Montpellier devant la France entière et plusieurs centaines de journalistes. Un moment d’histoire.
Depuis, 70 000 couples se sont unies. 7 000 mariages en moyenne chaque année, avec plus récemment davantage de couples de femmes. Et la civilisation ne s’est pas effondrée, malgré les prévisions alarmistes des opposants à la loi.
Quoique très largement minoritaires, nous n’oublions pas les violences, le mépris, la haine qu’ils ont alimentés. Certaines têtes de ces cortèges font depuis leur mea culpa. « Nous étions embrigadés », « Manifester contre un droit qui ne bousculait en rien les nôtres, j’avoue », « Je me suis trompé, je le reconnais », « Si c’était à refaire… ».
Merci à nos amis et alliés qui nous ont soutenus, qui ont manifesté et milité à nos côtés. Et félicitations à tous les anciens, nouveaux et heureux mariés LGBT+. Bon anniversaire !!
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Souvenirs :
En 2013, Christiane Taubira a clôturé son discours par un message aux adolescents LGBT, « qui ont été blessés, désemparés ces derniers jours, plongés dans un désarroi immense, qui ont découvert une société où une sublimation des égoïsmes permettait à certains de protester bruyamment contre les droits des autres », afin de leur dire simplement « qu’ils ont toute leur place dans la société ; que nous les reconnaissons à leur place dans la société, avec leurs mystères, avec leurs talents, leurs défauts, leurs qualités, leurs fragilités ; que c’est cela, la singularité de chacun d’entre nous, indépendamment de toute question sexuelle. Chacun d’entre nous est singulier. C’est la force de la société, c’est même la condition de la société, la condition de la relation dans la société. »
« Alors nous leur disons : si vous êtes pris de désespérance, balayez ces paroles qui vont s’envoler ! Restez avec nous, gardez la tête haute, vous n’avez rien à vous reprocher ! Nous le disons haut et clair, à voix puissante parce que, comme le disait Nietzsche, les vérités tues deviennent vénéneuses. Merci à vous tous. »