C’est un tour de chauffe avant la manifestation prévue demain dans la capitale en faveur du mariage pour tous. Samedi, des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes de province pour soutenir ce projet de loi du gouvernement. En déplacement à Santiago (Chili), Jean-Marc Ayrault a de son côté espéré une «forte mobilisation» pour le défilé organisé dimanche dans la capitale.
Il a certainement été content de voir qu’un sondage Ifop pour Atlantico montre que les Français sont 63 % à se dire favorables au mariage homosexuel (contre 60 % début janvier).
A Lyon, 11 000 manifestants selon la préfecture et 20 000 selon les organisateurs ont défilé dans le calme, samedi après-midi, pour défendre «l’égalité des droits», à deux jours de l’examen du projet de loi sur le mariage homosexuel à l’Assemblée nationale.
«C’est la plus grosse manifestation de région» en soutien au mariage pour tous, s’est félicité David Sauvestre, président de la «lesbian and gay pride» lyonnaise, l’un des organisateurs de la marche. «Il ne faut pas laisser la rue aux homophobes», a-t-il martelé. Une conviction partagée par Josette, une quinquagénaire homosexuelle «venue manifester contre cette haine lâchée dans les rues, il y a quinze jours, lors de la manif des opposants» et qui en a «marre de (se) faire insulter et humilier».
A 39 ans, une professeure de Villeurbanne vient manifester pour la première fois : «Je ne pouvais plus supporter les propos homophobes tenus ouvertement et largement relayés». Pacsée avec la mère biologique de son fils de 2 ans, elle veut se marier dès que la loi passera «pour le petit et pour faire la fête !» «Nous sommes sereins, la loi passera, mais il faut montrer notre soutien tant qu’elle n’a pas été votée», assure-t-elle.
Dans le cortège, des banderoles proclamaient «Jésus aussi avait deux papas», «On a deux pères et on ne manque pas de repères». A l’issue de la marche, trois opposants cagoulés, ont été interpellés par la police.
Au même moment, à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon, Frigide Barjot, chef de file des opposants au mariage pour tous et à l’adoption par les couples homosexuels, était applaudie par un public majoritairement âgé. Près de 200 personnes assistaient aux «Etats généraux de l’enfance», organisés par l’association lyonnaise «Cosette et Gavroche», qui promeut «le droit des enfants à être élevés par un père et une mère».
«On va gagner !», a lancé Frigide Barjot, vêtue d’un débardeur rose fluo barré du slogan : «Les Français parlent au François». Au lendemain de sa rencontre avec François Hollande à l’Elysée, l’humoriste déjantée a estimé que le président de la République «ne veut pas faire ça (ndlr : autoriser le mariage homosexuel)».
A Montpellier, entre 2 100 (préfecture) et 6 000 personnes (organisateurs), ont défilé samedi après-midi. Présente dans le cortège, Hélène Mandroux, la maire socialiste de la ville, qui doit célébrer «entre mars et mai» le premier mariage entre deux homosexuels en France, a lancé aux manifestants : «Vous représentez la France qui avance». «Pour être bien dans sa société, il faut être reconnu. A travers cette loi, on réconcilie tout le monde», a-t-elle ajouté.
Une banderole proclamant «La République exige l’égalité» ouvrait le cortège, dans lequel fleurissaient les pancartes militantes, sur fond de musique électro pop : «Mieux vaut un mariage gay qu’un mariage triste», «Dieu est amour, alors écoutons-le», «En Espagne depuis 2005», «En quoi détruisons-nous la famille quand on désire en fonder une ?», «Fier de marcher du bon côté de l’Histoire», «Il vaut mieux une paire de mères et qu’un père de merde», ou bien encore «Le mariage changera notre vie, pas la vôtre».
«Quelles que soient nos différences, nous devons tous avoir les mêmes droits», a déclaré sous les vivats Vincent Autin, chef de file des pro-mariage pour tous à Montpellier et futur premier marié gay de France, depuis une estrade montée sur la place de la Comédie. «Nous ne revendiquons aucun droit spécifique. Le droit de se marier pour les homosexuels ne change rien aux droits des autres», a-t-il ajouté.
Interrogée sur les dangers prétendus de l’homoparentalité, Hélène Mandroux, médecin de profession, a répondu qu’il ne fallait pas confondre «la biologie et l’amour dans une famille». «Les repères, les enfants les ont dans leur famille au sens large, à l’école, dans la société, la rue, dans la vie quoi !» a-t-elle conclu.
A Brest, 400 personnes ont manifesté selon «le Télégramme». «Après 1982 et la dépénalisation de l’homosexualité, 1999 le Pacs et 2004 le mariage prononcé à Bègles, cette nouvelle année 2013 peut devenir une date fondamentale de l’Histoire des Communautés Gay en France», soulignaient les participants qui se sont réunis à l’appel des associations LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) du pays de Brest, Divers Genres-Pep Hini zo Libr, West-Up, ainsi que l’association Aides, des organisations syndicales étudiantes comme l’Unef, ou encore CGT, FSU, Solidaires et Unsa, de l’UDB, des Verts et du Parti Socialiste entre autres.