Les sénateurs UMP n’optent pas pour la même stratégie que les députés sur le mariage pour tous. « Il n’y aura pas d’obstruction systématique » et plutôt « une discussion de fond », assure le président de groupe Jean-Claude Gaudin. Il annonce « près de 200 amendements »
A deux jours du début de l’examen du projet de loi ouvrant le mariage entre personnes de même sexe au Sénat, l’UMP fourbit ses armes. Des armes utilisées avec parcimonie. A la Haute assemblée, la bataille sur le mariage pour tous se fera plutôt au fleuret qu’au bazooka, contrairement à l’Assemblée nationale.
Autrement dit, il n’y aura pas d’obstruction parlementaire. C’est ce qu’a confirmé mardi matin le président du groupe UMP du Sénat, Jean-Claude Gaudin. L’UMP présentera « près de 200 amendements, la plupart n’étant pas répétitifs comme à l’Assemblée nationale », a annoncé le sénateur-maire de Marseille. On est loin des plus de 5000 amendements déposés au total au Palais Bourbon. Difficile aussi d’accuser l’exécutif d’aborder les questions sociétales au détriment des sujets économiques, tout en cherchant à faire durer de nouveau le débat.
« Il n’y aura pas d’obstruction systématique pour faire durer les débat de manière déraisonnable mais nous voulons une discussion de fond », a assuré Jean-Claude Gaudin. Il prend un autre engagement : « Pas d’homophobie dans notre groupe de sénateurs » durant les débats.
Grande majorité du groupe UMP contre
La liberté de vote des sénateurs UMP sera « totale ». Sur les 131 membres que compte le groupe, la grande majorité votera contre le texte, si aucun de leurs amendements n’est adopté. « Seuls 2 ou 3 sénateurs ont manifesté leur volonté de voter pour. 2 ou 3 autres s’abstiendrons », ajoute Jean-Claude Gaudin. Selon notre décompte la semaine dernière, 4 sénateurs UMP voteraient pour : Alain Milon et Fabienne Keller, ainsi que les sénateurs UMP des Français de l’étranger Christophe-André Frassa et Christian Cointat, qui ont voté pour en commission. Parmi les abstentionnistes, on compte Roger Karoutchi.
Les sénateurs UMP feront usage de « trois motions de procédure », explique l’orateur principal du groupe, le sénateur Patrice Gélard, rendu célèbre pour son rôle de président de la Cocoe, lors de la crise de l’UMP : l’une d’irrecevabilité, un renvoi en commission et une question préalable. Le doyen Gélard compte mener la bataille sur le plan juridique. Et jusque devant le Conseil constitutionnel, prévient-il. Loin de la pression de la rue, que mène Frigide Barjot. Les opposants au mariage pour tous seront présents devant les grilles du Sénat dès jeudi. « Ce n’est pas notre tradition d’aller manifester », prévient Jean-Claude Gaudin, qui n’exclut pas que certains sénateurs le fassent « à titre personnel ».
« Face à la pression de la rue, je suis sarkozyste », plaisante Jean-Pierre Michel
Comme à l’Assemblée, la droite se prononce pour une union civile. Elle craint aussi que le texte sur le mariage pour tous « entraîne forcément la reconnaissance de la Procréation médicalement assistée » puis de la Gestation pour autrui. Le rapporteur du texte, le sénateur PS Jean-Pierre Michel, répète qu’il s’opposera à tout amendement touchant la PMA. Les écologistes veulent l’introduire dans le texte. Il précise qu’il ne se « prononce pas sur le fond » et renvoie au « texte ultérieur sur la famille ». A titre personnel, Jean-Pierre Michel s’est dit sur publicsenat.fr favorable à la PMA comme à la GPA.
Le sénateur PS salue l’attitude de « l’opposition (qui) est constructive et républicaine. Elle ne va pas donner une image détestable du Sénat, contrairement à l’Assemblée. Ça me réjouit dans un certain sens, car j’ai de bonnes raisons de penser que le texte sera adopté au Sénat ». Quant aux manifestants qui seront devant le Sénat, il prévient que la pression de la rue ne l’a « jamais impressionné. Je suis sarkozyste de ce point de vue là », plaisante Jean-Pierre Michel. A droite, on compte sur « un résultat serré » et on rêve de l’emporter de justesse, grâce aux abstentions chez les radicaux de gauche. La majorité ne détient que 6 sièges d’avance au Sénat. Mais les abstentions et les votes pour à droite devrait compenser les voix manquantes à gauche. Patrice Gélard pense déjà à la suite : il promet une saisine du Conseil constitutionnel et assure avoir des arguments.