Des milliers de manifestants contre le mariage pour tous ont commencé dimanche à battre le pavé parisien aux cris de « Hollande, ta loi, on n’en veut pas », deux jours avant le vote solennel du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. A quelques kilomètres, place de la Bastille, un rassemblement des partisans de la loi, « pour l’égalité, contre l’homophobie », est organisé.
« Nous voulons une manifestation pacifique »
Les porte-parole de La Manif pour tous se sont élancés en tête du cortège, parti de la place Denfert-Rochereau. « Manifestement, nous sommes un peu débordés par l’affluence », se félicitait l’égérie du mouvement, Frigide Barjot, qui disait, avant la manifestation, attendre jusqu’à 50 000 personnes. « Nous voulons une manifestation pacifique et nous rejetons tous les groupes qui s’en prennent directement aux personnes homosexuelles », avait-elle assuré avant le départ du cortège.
Les agents de sécurité de La Manif pour Tous, portant tee-shirts rouges et oreillettes, étaient visibles dans la foule. « Toute personne qui a un comportement douteux sera désignée à la police et exfiltrée », a promis Frigide Barjot, tout en notant que, « hors de la manifestation, les problèmes de sécurité sont de la responsabilité du ministre de l’Intérieur ».
Manuels Valls sur place
Manuel Valls s’est d’ailleurs rendu sur le trajet du défilé pour passer en revue le dispositif des forces de l’ordre, CRS et gendarmes mobiles.
Trois manifestants en possession de bombes lacrymogènes, dont deux munis également de matraque et poing américain, ont été interpellés sur le trajet de La Manif pour tous. Le premier, porteur de six bombes lacrymogènes, a été interpellé peu avant le départ de la manifestation et avait été désigné aux forces de l’ordre par le service d’ordre des organisateurs.
Six mois de mobilisation
Après avoir maintenu la pression toute la semaine en se rassemblant tous les jours près de l’Assemblée nationale, où des échauffourées ont éclaté à plusieurs reprises, les opposants au projet de loi comptent sur cette nouvelle mobilisation pour réaffirmer leur « détermination ».
Le cortège est attendu sur l’esplanade des Invalides en fin d’après-midi. C’est quasiment le même parcours qu’avait suivi la première grande manifestation (qui avait réuni 70 000 personnes selon la police, 200 000 selon les manifestants) contre le texte, le 17 novembre 2012, prélude à six mois de mobilisation des opposants, jusqu’à la radicalisation de certains groupes ces dernières semaines.
Un covoiturage dans l’Ouest
Aucun déplacement collectif depuis la province n’ayant été prévu, les organisateurs ne tablaient pas sur la participation massive du 24 mars (300 000 personnes selon la police, 1,4 million selon les organisateurs). Seul du covoiturage s’est mis en place dans certaines régions, de l’Ouest notamment. Une nouvelle manifestation nationale est en effet prévue le 26 mai.
Comme lors des manifestations précédentes, l’UMP et le Front national ont envoyé une délégation. Le FN n’avait toutefois pas appelé officiellement à manifester, donnant rendez-vous à son propre défilé du 1er mai.
Dans une lettre aux militants, le président de l’UMP, Jean-François Copé, qui n’est lui-même pas présent dans le cortège, a invité les membres de son parti à « participer en masse ».
Une manifestation « contre l’homophobie »
A quelques kilomètres de la manifestation anti-mariage pour tous, un rassemblement des partisans de la loi, « pour l’égalité, contre l’homophobie », s’organisait place de la Bastille. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), y est attendu. « C’est nécessaire. Il faut dire non à l’homophobie, au racisme et au sexisme », a témoigné une manifestante parmi plusieurs centaines de personnes présentes.
Les opposants espèrent une censure du conseil constitutionnel
Mardi après-midi, le texte autorisant le mariage homosexuel sera définitivement et solennellement adopté par l’Assemblée nationale, qui a clos ses débats vendredi à l’aube, dans une ambiance électrique.
Alors que les élus se livraient à des passes d’armes souvent houleuses dans l’hémicycle, des rassemblements quotidiens près de l’Assemblée ont été émaillés d’incidents et d’affrontements avec les forces de l’ordre, donnant lieu au fil de la semaine à plus d’une centaine d’interpellations et plusieurs gardes à vue.
Les opposants veulent croire que le gouvernement peut encore reculer et renoncer à appliquer la loi, comme ce fut le cas pour le Contrat première embauche (CPE) en 2006. Ils mettent également leurs espoirs dans une éventuelle censure du Conseil constitutionnel.