Le texte reviendra à l’Assemblée nationale dès mercredi prochain, plus tôt que prévu. Un nouveau calendrier qui oblige les opposants à la loi à revoir la date de leur manifestation. Déjà hier soir, ils étaient des milliers à Paris…
Mariage pour tous, les horloges s’affolent. Le projet de loi adopté vendredi par le Sénat reviendra à l’Assemblée nationale dès mercredi en deuxième lecture, a annoncé le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies.
La nouvelle a déclenché un tollé chez les opposants au texte, qui étaient plusieurs milliers (7500, selon les organisateurs) à défiler vendredi soir dans les rues de Paris, scandant: «Passage en force, déni de démocratie!» Alors que certains tentaient de gagner le Sénat, des gendarmes ont tiré des gaz lacrymogènes.
Pour ces opposants, le calendrier «surprise» risque de faire perdre tout son sens à la manifestation programmée le 26 mai. Dans l’hypothèse d’un vote conforme à l’Assemblée nationale et d’un feu vert du Conseil constitutionnel, la loi sur le mariage gay pourrait être promulguée avant la fin du mois de mai. Et les premiers mariages homosexuels, célébrés «début juillet», selon Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans).
Une «honte», un «coup de force», une «dictature»… Les mots se bousculent dans la bouche de Frigide Barjot, égérie des anti, sous le choc. «Après le vote scandaleux au Sénat, où ce texte qui change la société a été adopté comme un sous-amendement, on guillotine le peuple», enrage la porte-parole de la Manif pour tous qui envisage déjà de changer la date du rassemblement. «Pourquoi pas début mai?» s’interroge-t-elle.
Y a-t-il une volonté manifeste d’empêcher les contestataires de s’exprimer une fois de plus dans la rue? Pour le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, il est de «la responsabilité du gouvernement de faire respecter la délibération parlementaire et de protéger l’ordre public».
Ulcéré par ce «coup d’État législatif», le député Hervé Mariton, principal orateur UMP du texte à l’Assemblée, vient de mobiliser tous ses collègues pour être en séance mercredi, et travailler aux amendements dès maintenant. «Le texte arrive lundi en commission et mercredi en séance: le Parlement est dessaisi de son calendrier, et le gouvernement aura recours aux ordonnances, tempête-t-il. C’est inédit. Justement au moment où le gouvernement cherche à sortir de l’affaire Cahuzac en redonnant confiance en la démocratie…»
À l’inverse, Hervé Mariton estime que ce programme accéléré risque de «casser la société». «Je condamne la violence, conclut le député, mais le pouvoir ne doit pas être surpris si les gens s’excitent.» Quant au député UMP de la Manche, Philippe Gosselin, il se demande si «c’est la guerre civile» que le gouvernement veut.