Mariage pour tous : une France repliée sur elle-même

La tension monte en France au moment où le projet de loi pour le mariage pour tous revient en seconde lecture à l’Assemblée nationale, écrit le Daily Telegraph. Le quotidien rapporte le florilège de propos lancés par les anti : « Hollande veut du sang, il en aura », de la « blonde peroxydée » Frigide Barjot ou encore « le coup d’Etat législatif » de l’orateur du groupe UMP sur le projet Taubira, Hervé Mariton. Sans oublier bien sûr, « vous êtes en train d’assassiner des enfants« , lancé par le député UMP Philippe Cochet à l’Assemblée nationale le 18 avril. Autant de propos révélateurs d’un climat on ne peut plus tendu entre les pro et anti Mariage pour tous.

Le correspondant d’El Pais dresse de son côté un rapide portrait des anti, représentatifs de cette France « bigote et inquiète, provinciale et parisienne à 50% et blanche à 99% (…) Une mobilisation qui s’est habilement camouflée par une mise en scène de type Disney, des habits et des pancartes couleur pastel. Qui, au nom de la pluralité et du respect, s’est autoproclamée Manif pour tous. »

Le journaliste espagnol écrit : « la France, la nation qui a inventé les droits de l’homme est aujourd’hui un pays effrayé et méfiant où prolifèrent les phobies. L’islamophobie a envahi la campagne électorale. Le racisme et la xénophobie […] font partie du langage courant. Et l’homophobie a commencé à montrer son visage le plus violent depuis que François Hollande a décidé de lancer la nouvelle loi sur le mariage homosexuel ».

Miguel Mora fait référence aux agressions homophobes qui se sont récemment produites en France.

Celle perpétrée le 7 avril à Paris contre Wilfred de Bruijn et son compagnon, ont fait réagir la journaliste américaine Janine di Giovanni, dans The Daily Beast : « Je ne peux pas m’empêcher de penser à la montée du fascisme en Europe dans les années 30 et à la façon choquante dont les personnes les plus civilisées perdent soudain la tête face à ce qu’elles estiment différent. Les êtres humains font de la résistance au changement. A l’époque c’était le socialisme ou le communisme qui ont entrainé des bandes de voyous dans la rue. Aujourd’hui, ce sont les droits des homosexuels« .

Reporter de guerre, la journaliste écrit que cet acte homophobe est intervenu au moment où l’on célébrait l’anniversaire du génocide rwandais: « Je ne fais pas de comparaison, mais en triant de vieilles photos d’il y a 19 ans, et en me souvenant des morts entassés, de l’odeur de la mort dans ce lieu torturé, il est difficile de tolérer ce que les humains peuvent se faire les uns aux autres. J’ai eu cette même impression écœurante quand j’ai regardé le visage brutalisé de Bruijn. »

Au Québec (où le mariage homosexuel est légal depuis 2004), une blogueuse écrit sur montrealgazette.com : « Je n’irai pas en vacances à Paris parce qu’on ne sait jamais. Peut être qu’en descendant un boulevard avec une amie, je serais frappée ou tuée parce que je suis lesbienne. Je reste donc dans la Nouvelle-France, mon magnifique Québec, qui est bien plus évolué et tolérant que ce pays que nombre de mes ancêtres ont quitté ».