MariagePourTous : après +de 170 heures de débats au Parlement, le texte est adopté (331/225)

Le projet de loi Taubira, qui ouvre le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, a été définitivement adopté mardi 23 avril à l’Assemblée nationale. Le texte a été voté « conforme », c’est-à-dire sans modification par rapport à la version votée par le Sénat la semaine dernière.

C’est donc la fin d’un marathon législatif qui dure depuis le mois de janvier. La France est le quatorzième pays à ouvrir le mariage aux couples homosexuels, le neuvième en Europe.

Le texte a recueilli 331 voix pour et 225 voix contre. Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, a annoncé le résultat à la tribune : « Après 136 heures et 56 minutes, l’Assemblée a adopté le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. »

INCIDENT DE SÉANCE

Peu avant le vote du texte, un incident venu des tribunes des visiteurs a perturbé la séance. Un individu a tenté de déployer une banderole avant d’être intercepté par le service de sécurité. Claude Bartolone a demandé vivement qu’on sorte « les ennemis de la démocratie ». Tous les députés, gauche et droite confondues, ont salué le retour au calme en applaudissant.

Une fois le vote entériné, la droite a quitté l’Hémicycle, alors que Christiane Taubira prenait la parole. La garde des sceaux, qui a défendu le texte lors des débats, était visiblement très émue. Elle a lancé un message aux adolescents homosexuels, leur demandant de ne pas écouter les messages homophobes : « Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela, (…) vous n’avez rien à vous reprocher. » Habituée des citations lyriques, Mme Taubira a cette fois emprunté les mots de Nietzsche pour conclure son discours : « Les vérités tuent, celles que l’on tait deviennent vénéneuses. »

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL PREND LE RELAIS

L’opposition a saisi dans la foulée de ce vote le Conseil constitutionnel en déposant un recours pour obtenir la censure du texte. Les magistrats auront un mois pour se prononcer. S’ils ne censurent pas le texte, le président de la République pourra le promulguer. Les premiers mariages entre personnes de même sexe pourraient ainsi avoir lieu à la mi-juin.

Cependant, les opposants au mariage pour tous ne désarment pas. Ils ont prévu de poursuivre les manifestations malgré le vote définitif du texte. Des rassemblements sont prévus le 5 mai, puis le 26 mai à Paris, afin de poursuivre le mouvement de protestation.