Deux hommes accusés d’homosexualité ont été condamnés par le tribunal de première instance de Tiznit à un an et demi de prison, et à une amende de 2.000 dirhams. Au moment de leur interpellation, ils auraient tenté de s’enfuir en menaçant les gendarmes avec des armes blanches. Des chefs d’accusation qui sont encore ajoutés à celles d’homosexualité, rapporte le site d’information local Tizpress. Alors que l’un des deux hommes a nié les faits lors du procès, le second a confirmé les accusations et plaidé coupable.
« Je condamne fermement l’article 489, l’arrestation des deux hommes et l’acharnement qu’ils ont subi. Il y a un manque accru de soutien juridique » dénonce Soufyane Fares, militant des droits de l’homme particulièrement actif à Rabat : « Seule une révolution sexuelle pourrait changer les choses au Maroc », ajoute-t-il.
Loin d’être un cas isolé, la condamnation des deux hommes s’inscrit en continuité de plusieurs autres procès pour homosexualité, pénalisée par la loi au Maroc, comme dans la majorité des pays musulmans. L’article 489 du Code pénal marocain prévoit en effet des peines allant de trois mois à trois ans de prison et des amendes de 120 à 1.200 dirhams à l’encontre des personnes accusées d’homosexualité.
Ces derniers mois, rappelle le HuffPost Maroc, d’autres affaires similaires ont en effet suscité la polémique. En juin 2015 notamment, l’affaire de Lahcen et de Mouhcine, qui s’étaient embrassés en public devant un site historique de la capitale, après l’action de deux militantes Femen, a fait couler beaucoup d’encre. Les deux hommes ont été condamnés à 4 mois de prison et à 500 dirhams d’amende pour « outrage aux mœurs publiques » et « actes contre nature entre des individus du même sexe ».
Le mois de juillet suivant, la vidéo du lynchage d’un homme à Fès, rouée de coups, à la suite d’un différend avec un chauffeur de taxi parce qu’il arborait une tunique jugée trop féminine par des passants, avait également retenu l’attention de l’opinion publique marocaine. Les agresseurs ont été appréhendés et les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont réagi mais en qualifiant d’illégaux ces actes de violence parce qu’ils « se substituent à la justice et aux forces de l’ordre ».
L’avant-projet de Code pénal présenté en avril 2015 par le ministre de la Justice Mustapha Ramid maintient les dispositions pénalisant l’homosexualité. Après sa mise en ligne, le texte a vivement été critiqué par des militants des droits humains et des associations de défense des libertés publiques, qui réclament l’abrogation de l’article 489.