Alors même que l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe exhorte le Maroc à «à prendre les mesures nécessaires pour supprimer la criminalisation de l’homosexualité du code pénal», «Lahcen et Mohsine passeront les prochains mois derrière les barreaux pour une seule et unique raison : être homosexuels !».
Arrêtés le 5 juin dernier, les deux hommes étaient poursuivis pour «outrage à la pudeur» et «acte contre nature avec un individu du même sexe». Absents au moment de l’énoncé du jugement, ils ont donc été condamnés ce vendredi 19 juin à quatre mois de prison ferme et à des amendes de 500 dirhams chacun (soit environ 45 euros).
Ils s’étaient embrassés devant la tour Hassan, au lendemain de l’action menée par les deux militantes françaises des Femen pour dénoncer la pénalisation de l’homosexualité au Maroc.
«Aimer et vouloir vivre est insoutenable pour notre État, dans notre pays. Nous sommes indignés par cette injustice. Ce que Lahcen et Mohsine ont subi, leur souffrance et celle de leurs familles ne passeront pas inaperçu», s’insurge légitimement le Collectif Aswat, à l’origine de la pétition mise en ligne avec le soutien d’AllOut pour réclamer la libération des deux marocains : «Nous nous soulèverons contre l’article 489 jusqu’à notre dernier souffle, celui de notre union. Non à la criminalisation de l’homosexualité, non à la criminalisation de l’amour. NON A L’ARTICLE 489 !».
La Constitution du royaume, adoptée en 2011 dans le contexte des « printemps arabes », souligne pourtant que « toute personne a droit à la protection de sa vie privée ». Cela « devrait conduire à abolir la loi qui criminalise les relations sexuelles consentantes entre personnes majeures de même sexe », comme le rappelait en mars Human Rights Watch.
Mais, en mai, trois hommes étaient ensuite condamnés à trois années d’emprisonnement à Taourirt (Nord-Est).
Valérie Sophie
@stop_homophobie