Paul et Tony, deux hommes d’une vingtaine d’années, sortaient d’une boîte de nuit du centre de Marseille, lorsqu’ils ont été pris à partie le 6 septembre dernier, par un groupe de cinq individus, qui leur ont jeté détritus et cannettes dessus, avant de les insulter et de les rouer de coups. Les agresseurs s’étaient particulièrement acharnés sur Paul, encore frappé à coups de pied à la tête alors qu’il se trouvait au sol. Hématome au cerveau et blessures multiples… le jeune homme, un fonctionnaire de police, qui a hésité à porter plainte car il ne voulait pas que ses collègues apprennent son homosexualité, s’est présenté à l’audience le bras encore en écharpe et marchant avec une béquille.
Seuls deux des suspects ont pu être identifiés. Âgés de 18 et 19 ans, ils ont été condamnés ce mardi à trois ans et demi de prison ferme. De plus, le tribunal a prononcé une peine avec sursis de 18 mois.
« Ces violences touchent à la dignité humaine, au droit d’être ce que l’on est », a souligné la procureur. Elle avait requis contre les deux prévenus cinq ans ferme, la peine maximale pour des violences commises en réunion et en raison de l’orientation sexuelle de leur victime.
« Ce sont des violences gratuites, juste pour le plaisir de faire mal », a-t-elle ajouté, dénonçant « l’idiotie et le manque de neurones (de la) horde de sauvages » que les victimes ont croisés ce matin-là.
De leur côté, les avocats des deux prévenus, tous deux connus de la police mais dont le casier judiciaire est vierge depuis leur majorité, ont plaidé la « bêtise » et appelé à ne pas faire du dossier « un exemple qui le dépasserait de loin ».
« C’est d’une bêtise extraordinaire mais c’est tout », a affirmé pour la défense Me Bruce Blanc.
Cette agression avait suscité l’émotion parmi les associations de lutte contre l’homophobie à Marseille, qui avaient organisé un rassemblement et demandé à rencontrer les autorités pour évoquer la question.
« Nous sommes dans une ville et une région assez machistes où il est compliqué de se dire homosexuel » et où de nombreux actes homophobes sont recensés, a déclaré, en marge de l’audience, Isabelle Bonal, responsable du collectif d’associations Idem, espérant que le procès de mardi contribuerait à mettre fin au « sentiment d’impunité ».
avec AFP