France : Médecins et biologistes relancent le débat sur l’accès à la PMA, dont sont exclus les homosexuels et femmes seules

Dans une tribune publiée ce jeudi dans le quotidien Le Monde, plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction reconnaissent avoir « aidé et accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France ».

S’ils s’exposent en théorie à des poursuites judiciaires, les signataires du texte dénoncent des blocages et pointent le retard de la France par rapport à ses voisins européens.

Pour le célèbre gynécologue, René Frydman, initiateur du manifeste et membre de l’équipe médicale qui permit la naissance d’Amandine, premier « bébé-éprouvette » français en 1972 : « le cadre légal français est incohérent ». Selon lui il faudrait adapter la loi aux évolutions de la société.

Il propose le lancement d’un véritable « plan pour la fertilité », pour développer une prévention « qui fait cruellement défaut », afin d’informer les femmes sur « l’effet inexorable de l’âge », les conséquences de l’obésité, des addictions ou encore de l’environnement. Il préconise également un assouplissement des lois encadrant la procréation médicalement assistée, une promesse de campagne du candidat François Hollande, qui n’a depuis cessé de reculer sur le sujet.

Dès sa prise de fonction, la nouvelle ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, s’était d’ailleurs exprimée sans ambiguïté sur le sujet, déclarant dans Libération le 16 février dernier, qu’elle n’avait pas plus de raisons aujourd’hui qu’hier, « de relancer ce dossier ». Elle précisait toutefois y être favorable à titre personnel, ce qui ne semblait pas le cas de toute la gauche : « Le problème est clair : jusqu’où fait-on remonter le niveau d’excitation ? Ma crainte la plus grande, c’est le procès en diversion. Je ne veux pas qu’on dise que la gauche lance des débats de société pour faire diversion, comme cela a été le cas à la fin du débat sur le mariage pour tous. Les vociférations de la Manif pour tous ont tout paralysé. »

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« Il faut que la France devienne un pays responsable et conforme aux évolutions de la société »

Un changement de pied de l’exécutif apparaît donc improbable, tant est forte la volonté de ne pas rejouer l’affrontement qui a entouré l’adoption de la loi sur le mariage pour tous, en mai 2013.

Cette mesure ne tarira pas le flux des patientes qui font le voyage par exemple jusqu’en Espagne pour bénéficier d’un don d’ovule ou congeler leurs propres gamètes, insiste cependant René Frydman. « Donner et protéger sa propre fertilité sont deux démarches différentes », observe-t-il. « Il faut préserver beaucoup d’ovocytes pour avoir de bonnes chances d’obtenir une grossesse ultérieure. En liant le don et l’autoconservation, on diminue les chances de la donneuse car elle conserve moins. »

Autre incohérence dénoncée, l’interdiction de l’analyse génétique de l’embryon avant son implantation dans l’utérus, alors que « l’analyse du risque chromosomique fœtal est autorisée aux femmes enceintes qui le souhaitent après quelques semaines de grossesse, dans le cadre du dépistage anténatal ».