Dans une interview à La Croix, mercredi 10 février, le cardinal-archevêque de Lyon, Philippe Barbarin s’est exprimé sur cette affaire d’un prêtre lyonnais, Bernard Preynat, mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts, commises entre 1970 et 1991. Mais, si jusque là son diocèse affirmait que le cardinal avait « reçu les premiers témoignages au sujet des agissements de ce prélat à l’été 2014 », dans un mea culpa en direction des victimes, Mgr Philippe Barbarin a finalement confessé en avoir été informé dès 2007 :
« Une personne qui avait grandi à Sainte-Foy-lès-Lyon m’a parlé des comportements du P. Preynat (antérieurs à 1991, NDLR), vers 2007-2008. J’ai alors pris rendez-vous avec lui pour lui demander si, depuis 1991, il s’était passé la moindre chose. Lui m’a alors assuré : « Absolument rien, j’ai été complètement ébouillanté par cette affaire » », indique l’évêque. « Certains me reprochent de l’avoir cru… Oui, je l’ai cru : il n’était pas dans le déni, au contraire, il avait reconnu tout et tout de suite, dès 1991. », ajoute t-il.
« C’est une très grande épreuve, et je voudrais d’abord remercier les victimes » Itw pour @RCFLyon https://t.co/ksYSUQ5Jkm
— CardBarbarin (@CardBarbarin) 12 Février 2016
« Dans les prochains jours, des plaintes vont être déposées contre lui pour non-dénonciation de faits de pédophilie ! »
« Il a menti à beaucoup de gens, notamment aux victimes. Il commence à se réveiller et à prendre la mesure des choses », a réagi auprès de francetv info François Devaux, victime de Bernard Preynat, et président de l’association des victimes du prêtre, La Parole libérée, fondée en décembre dernier.
Le cardinal a tenté de le joindre la veille de la publication de l’interview, « pour demander pardon » et organiser une rencontre. Mais il n’a pas l’intention d’y donner suite : « Il faut aller jusqu’au bout des choses. Cette interview pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses », estime François Devaux qui aimerait également que l’institution change sa manière de gérer ce type d’affaires.
« Si je m’investis, c’est pour protéger notre nation de pédophiles qui sont placés et replacés au sein d’une institution, sans que personne ne dise rien », lâche-t-il, en référence aux différentes affectations du père Preynat entre 1991 à 2015. Et de conclure : « Si le cardinal Barbarin va jusqu’au bout des choses, je prendrai mon téléphone pour le rencontrer. »
Bernard Preynat, qui a quitté ses paroisses du Roannais fin août 2015 après avoir été relevé de ses fonctions par le diocèse, a reconnu les faits et a également été placé sous le statut de témoin assisté pour des viols qu’il a avoués en garde à vue. Selon son avocat, Me Frédéric Doyez, le père, aujourd’hui septuagénaire, a déclaré devant le juge « que les faits étaient connus par les autorités ecclésiastiques depuis 1991 », date à laquelle il avait été écarté du groupe scout indépendant qu’il encadrait depuis près de 20 ans, décidé par le cardinal Albert Decourtray, à la suite du signalement des parents d’un scout.
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Mgr Philippe Barbarin avait déjà fait scandale, en déclarant que le « mariage pour tous » était un « mensonge d’état », qui ouvrait la voie à la polygamie et à l’inceste, en consacrant « le droit de l’adulte sur le droit de l’enfant, le droit du plus fort sur celui du plus faible » : « Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera », estimait-il dans une interview diffusée par la radio RCF et la chaîne TLM.
« Un mariage, c’est un mot qui veut dire rempart, pour permettre au lieu le plus fragile de la société, c’est-à-dire une femme qui donne la vie à un enfant, que toutes les conditions soient établies pour que ça se passe dans les meilleures possibilités ». Il assurait qu’un jour ou l’autre, « la vérité sera reconnue, et que la loi finira par être abolie. Car c’est un mensonge qui en entraîne d’autres, comme de faire croire qu’un enfant peut avoir deux papas ou deux mamans! » Il semble que la vérité ait effectivement ressurgi mais pas comme l’archevêque l’entendait.
« Ma seule préoccupation a été qu’aucun mal ne soit plus commis »
Depuis son entretien à La Croix, Mgr Philippe Barbarin s’est retranché dans un silence et ne parlera plus « avant le procès », a expliqué à Libération, Pierre Durieux, son directeur de cabinet. Ce dernier affirme également que le diocèse de Lyon n’est pas au courant des plaintes à venir.
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