En dépit des protestations, le gouverneur de l’Etat du Mississippi, Phil Bryant, a signé mardi 5 avril une loi, votée par la Chambre des représentants, qui permet aux responsables locaux et aux entreprises d’invoquer leurs croyances religieuses pour refuser de livrer certains services aux couples gays souhaitant s’unir.
« Cette loi ne limite aucun droit ou action protégé par la Constitution américaine », s’est défendu le gouverneur. Selon lui, le texte a été conçu « de la manière la plus ciblée pour prévenir toute ingérence du gouvernement dans la vie des gens ».
Mais pour l’Union américaine des libertés civiles et plusieurs autres associations, cette mesure honteuse « défie les principes américains d’équité, de justice et d’égalité et ne protègera en rien la liberté religieuse de personne ».
Le groupe automobile Nissan, qui emploie des milliers de personnes dans une usine d’assemblage de l’État, s’est également élevé contre ce texte, ainsi que Toyota, qui rappelle « qu’un environnement inclusif pour tous est favorable à l’économie et à la société dans son ensemble. »
Message semblable pour le groupe de loisirs américain MGM Resorts, qui exploite deux complexes dans l’état et réaffirme ses positions pour le respect de la diversité : « Les lois qui permettent aux entreprises de refuser de fournir des services aux particuliers en raison de leurs différences sont nuisibles au tourisme et à l’économie de l’état. »
Aux États-Unis, on ne bafoue plus les droits des communautés LGBT en toute impunité
Des initiatives similaires ont ainsi fleuri dans le pays après la légalisation historique par la Cour suprême du mariage pour tous fin juin 2015. L’objectif des États est de fournir un cadre légal permettant à leurs administrés de la contourner. Mais, si la Géorgie a finalement renoncé la semaine dernière à entériner un projet semblable, sous la pression de l’opinion, en Caroline du Nord, le gouverneur républicain Pat McCrory a choisi au contraire de perpétuer la discrimination, en ratifiant une loi qui empêche toute collectivité locale de l’État de prendre de nouvelles mesures anti-discriminatoires, et impose l’utilisation des toilettes publiques correspondant à l’identité sexuelle à la naissance.
Une centaine de dirigeants de grandes entreprises, dont Apple, Bank of America, Marriott, Starbucks ou encore Facebook, avaient notamment adressé un courrier au gouverneur McCrory, le prévenant que cette loi « réduira l’attrait de l’État comme destination touristique, pour de nouvelles entreprises et pour l’activité économique ».
La firme de paiement en ligne PayPal vient ainsi de rejoindre la mobilisation et annonce l’abandon d’un projet d’investissements de quelque 3,6 millions de dollars, « avec 400 emplois directs à la clef ». Le groupe prévoyait en effet de bâtir un centre opérationnel mondial. Mais cette « nouvelle loi enfreint les valeurs et les principes se trouvant au cœur de la mission et de la culture de Paypal », a commenté mardi Dan Schulman, PDG du groupe, dans un communiqué. « Pour cette raison, Paypal ne poursuivra pas son projet d’expansion à Charlotte », a-t-il ajouté.
Cette mobilisation civique met en évidence les tensions qui parcourent le Grand Vieux Parti aujourd’hui. Mais le monde a changé et de telles restrictions ne passent plus pour une majorité d’Américains. Elles sont d’autant moins populaires dans les milieux économiques que les « milléniaux » (génération Y) sont plus exigeants en termes d’engagement des entreprises dont ils achètent des produits.
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