Jeune écrivain sénégalais de 31 ans, vivant en France, Mohamed Mbougar Sarr a décroché ce mercredi 3 novembre avec son quatrième roman, « La Plus Secrète Mémoire des hommes », la plus prestigieuse récompense littéraire française, le prix Goncourt 2021. Mais si l’annone de cette consécration a d’abord recueilli des réactions enthousiastes, particulièrement de la part du président sénégalais Macky Sall, qui a félicité son compatriote, sur les réseaux sociaux sénégalais, Mbougar Sarr se fait depuis lyncher pour son précédent roman, « De purs hommes » (aux éditions Philippe Rey et Jimsaan), consacré à l’homosexualité au Sénégal.
Il est accusé d’en faire l’apologie alors que « la pratique » est interdite et particulièrement « décriée » dans le pays. Le Ministre sénégalais de l’Éducation nationale, Mamadou Talla, avait pourtant lui-même évoqué l’ouvrage, qualifié d’« honneur au système éducatif », dont il « rehausse la crédibilité. »
De purs hommes dénonce l’homophobie qui gangrène les sociétés, appelant à un travail en profondeur sur les consciences pour inculquer la tolérance et le respect de la dignité humaine. Le livre retrace l’histoire d’un jeune professeur qui, choqué par la diffusion sur internet d’une vidéo où le cadavre d’un homosexuel est profané par une meute d’individus, va se pencher sur la vie du défunt, jusqu’à rencontrer sa mère avec cette seule question : « comment trouver le courage d’être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu’en soit le prix ? »
Interrogé sur cette nouvelle polémique homophobe, Mohamed Mbougar Sarr a réagi, soulignant qu’il assimilait les citriques, « tant qu’elles s’expriment dans le respect. Et le respect de ma liberté », mais il invite également ses détracteurs à lire « ce qui est écrit » dans son livre, rappelant que « savoir lire » demande aussi un apprentissage.