A trois mois des législatives allemandes, des centaines de milliers de personnes profitaient de la Gay Pride de Berlin pour dénoncer le refus du parti conservateur d’Angela Merkel d’accorder la complète égalité de droits aux couples homosexuels.
Dans le cortège bariolé et festif, la Russie était également montrée du doigt en raison de lois répressives récemment adoptées.
Les organisateurs, cités par l’agence allemande DPA, évoquaient 700.000 participants, soit le même nombre qu’en 2012.
Une cinquantaine de chars colorés et crachant une musique assourdissante participaient à cette parade à travers l’ancien Berlin-ouest, jusqu’à la très symbolique Porte de Brandebourg où une scène devait accueillir chanteurs et DJ.
En tête du cortège, où le «business gay» dominait, défilaient les partis politiques, derrière le char des organisateurs orné de calicots clamant en allemand et en anglais «Assez des prêches dominicaux» et «Défiler, Voter, Changer», en référence aux racines chrétiennes du parti conservateur CDU de la chancelière Angela Merkel, et aux élections législatives du 22 septembre.
La CDU avait d’ailleurs été exclue du cortège, en raison de son refus d’accorder aux couples de même sexe le droit d’adopter. A la dernière minute, le char de l’organisation des gays et lesbiennes de ce parti conservateur (LSU) avait obtenu un feu vert et quelques courageux vêtus d’un T-shirt «les troupes gay de Mutti» -surnom de Mme Merkel dans son parti- y défilaient, sous les huées.
Le passage devant le siège de la CDU a donné lieu à une séance de photo pour une fausse Angela Merkel encadrée de deux archevêques, un homme et une femme, et d’affiches rappelant que «tous les hommes sont égaux devant la loi» (Article premier de la Loi fondamentale») et «Tu aimeras ton prochain comme toi même» (deuxième commandement pour les Juifs et les Chrétiens).
La mise en scène était accompagnée par deux chanteurs réclamant: «Oui, je veux ce qui me revient».
Sifflements et huées ont ensuite accompagné rituellement le passage du cortège devant le bâtiment.
Les formations d’opposition (Parti social-démocrate, Verts et extrême gauche de Die Linke) courtisaient les manifestants avec des slogans comme «100% d’égalité pour les famille arc en ciel», en référence aux couleurs du drapeau gay.
En Allemagne, les homosexuels ont récemment obtenu une victoire avec un jugement de la Cour constitutionnelle exigeant que les unions entre personnes du même sexe procurent les mêmes droits en matière fiscale que les mariages hétérosexuels.
Le mariage gay n’existe pas en Allemagne, mais seules de très rares pancartes le réclamaient. Depuis 2001 il est possible de faire enregistrer une union homosexuelle, ce qui procure presque les mêmes droits que ceux des couples mariés, l’adoption faisant exception.
La Gay Pride voulait également attirer l’attention sur la situation en Russie, où la Douma (chambre basse du Parlement) a voté vendredi une loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant légalisé les unions entre personnes de même sexe, comme l’a récemment fait la France.
Un char montrait un portrait géant de Vladimir Poutine, appelant en anglais le président russe à «abattre cette loi», reprenant la formule du président américain Ronald Reagan qui en 1987 avait lancé à Berlin-ouest son «M. Gorbatchev, abattez ce mur».
Les homosexuels et lesbiennes du SPD portaient une longue banderole sur laquelle on pouvait lire, en allemand et en russe, «Non à la criminalisation de l’homosexualité».
Un défilé «alternatif» contestant la «normalisation» des homosexuels et lesbiennes devait réunir dans l’après-midi quelques milliers de personnes dans l’est de la capitale allemande.
Le 28 juin 1969, dans Christopher Street à New York, les clients du Stonewall Bar, travestis et jeunes prostitués pour l’essentiel, se sont pour la première fois rebellés contre une descente de police. Les quatre jours d’émeute qui ont suivi ont lancé le mouvement pour l’égalité des droits des homosexuels et des lesbiennes.