Gabriel Dion, qui étudie en médecine à l’Université de Montréal, se trouvait au Saint-Sulpice vendredi dernier avec d’autres étudiants. « Il y avait eu beaucoup d’alcool toute la journée »,a-t-il expliqué en entrevue téléphonique avec Radio-Canada. « Il y avait beaucoup de personnes qui trouvaient leur âme sœur, visiblement, au Saint-Sulpice. Moi, j’avais un autre garçon. »
« On ne voulait déranger personne, alors on a décidé d’aller dans une cage d’escalier », a dit le jeune homme, qui ajoute que son compagnon et lui s’embrassaient lors de cette soirée festive, comme le faisaient d’autres couples. Or, vers 23 h 30, un portier du Saint-Sulpice est venu dire au couple qu’il devait le suivre à l’extérieur du bar « sans aucune autre explication ». À l’extérieur, le portier a lancé aux deux hommes sur un ton narquois qu’ils avaient fait « des bêtises », soutient M. Dion. « On sentait un peu d’hostilité dans cette conversation », affirme Gabriel Dion, qui note que des couples hétérosexuels s’embrassaient aussi dans le bar sans pour autant être importunés.
M. Dion a réclamé des excuses de la part du Saint-Sulpice et a demandé que le propriétaire affirme publiquement que les homosexuels y sont les bienvenus. La Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) a fait écho à ces demandes dans un communiqué publié dimanche après-midi. Le regroupement étudiant parle d’une « expulsion déraisonnée » survenue dans le cadre d’une soirée d’intégration de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Vincent Fournier Gosselin, secrétaire général de la FAÉCUM, a déclaré que « ce comportement homophobe est tout simplement inacceptable ». Il ajoute que son association pourrait aller plus loin et encourager ses membres à bouder l’établissement.
Mais le propriétaire du bar, Maurice Bourassa, donne une autre version des faits à propos de l’incident. Le couple, dit-il, s’est fait expulser pour deux raisons qui n’ont rien à voir avec l’orientation sexuelle des jeunes hommes. D’abord, le portier est intervenu pour des raisons de sécurité, parce qu’ils étaient installés dans une cage d’escalier de secours, précise-t-il.
« On ne peut pas tolérer les gens qui restent dans des escaliers de secours. Les pompiers nous obligent à ce que les gens circulent, alors on leur a demandé de circuler. » — Maurice Bourassa, propriétaire du Saint-Sulpice
Ensuite, la position dans laquelle se trouvaient les deux hommes n’était pas convenable dans un lieu public, dit-il.
« Ils étaient aussi dans une position qu’on ne peut pas accepter non plus. Je veux dire, on peut s’embrasser, quelle que soit l’orientation sexuelle, mais quand on est rendus à l’horizontale, sur la rampe, là, je crois qu’on a des limites. Les portiers ont fait leur travail. » — Maurice Bourassa, propriétaire du Saint-Sulpice
M. Bourassa assure que toutes les personnes, peu importe leur orientation sexuelle, sont bienvenues au Saint-Sulpice.