« Le téléphone n’arrête pas de sonner », s’étonne Sébastien, « tout ce soutien est la meilleure chose qui pouvait arriver ». Le jeune homme craignait effectivement des représailles en dénonçant publiquement l’agressions dont ils auront été victimes avec son compagnon. Mais, si le couple continue d’essuyer les commentaires haineux, ce sont également des milliers de Québécois qui saluent leur courage.
Le 30 avril dernier, les deux hommes se sont faits « tabasser » dans un quartier de Montréal, par « une meute de chiens enragés », décrivait Sébastien dans les médias. Ils se tenaient par la main et venaient de s’embrasser. Les agresseurs n’auraient pas apprécié. Après les mêmes insultes récurrentes et malgré une tentative de dialogue, les coups de poings ont fusé. Une agression qui se serait ensuite répétée dans un établissement où s’étaient rendues les deux victimes pour « oublier », si ce n’est que les suspects y étaient également installés.
Difficile pour Sébastien, 36 ans, qui avait justement quitté la France il y a 6 ans pour le Québec, supposé moins homophobe. Témoigner aura été libérateur, déclare toutefois Simon : « Nous avons moins peur depuis que nous en avons parlé ». Ils ont porté plainte.
Il faut effectivement dénoncer et porter plainte, insiste dans le Journaldemontreal la directrice du Conseil québécois LGBT, Marie-Pier Boisvert : « Quand ces actes sont enregistrés, ils deviennent des statistiques importantes pour nous lorsque vient le temps de s’adresser au gouvernement… Même si les homosexuels ont des droits égaux devant la loi, il reste du travail pour l’acceptation sociale ».
Un « électrochoc pour plusieurs », souligne aussi la directrice générale de GRIS-Montréal, qui évoque des agressions encore trop fréquentes : « Mais nous savons que ce n’est pas toujours évident de vivre son homosexualité au Québec ».
Effectivement « les homosexuels sont nombreux à déplorer ce type d’agression sur les lignes de Gai Écoute », confirme Pascal Vaillancourt, le directeur général de la plateforme dédiée « aux personnes concernées par l’orientation sexuelle et l’identité de genre » : « Selon les statistiques, 1,2 appel par jour concerne des actes homophobes et plusieurs d’entre eux ont été commis dans la région de Montréal… C’est certain que ça ne me surprend pas ».
En solidarité et avec l’accord de Sébastien et Simon, le Conseil québécois LGBT et Gai Écoute appellent ainsi à un KISS-IN PACIFIQUE CONTRE L’HOMOPHOBIE ce lundi 9 mai 2016, à 18 h, Place Simon-Valois (angle Valois et Ontario), où le couple s’est fait attaquer.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.org