La présence d’extrémistes orthodoxes n’a pas réussi à gâcher la fête : « Bok o Bok » organise ce week-end le premier festival de cinéma LGBT de la capitale russe.
Il y a bien eu cette poignée de militants ultra-orthodoxes (photo ci-dessus), ce jeudi 26 avril, devant l’entrée du cinéma Club Fitil. Pour la cérémonie d’ouverture du Festival international du film LGBT qui se tient pour la première fois à Moscou jusqu’au 29 avril, les ennemis jurés de la communauté LGBT russe, habillés tout de noir, ne voulaient pas manquer une occasion de brandir des croix sous le nez de ceux qu’ils estiment être une insulte au patriarcat et plus largement à la société russe. Faute de pouvoir empêcher l’événement cinématographique, ils ont rapidement battu en retraite, ignorés par les festivaliers et surtout surveillés par les forces de l’ordre qui ont, une fois n’est pas coutume en Russie, veillé à ce que la manifestation LGBT se déroule sans encombre.
Malgré le danger assez maigre de voir le festival empêché, on lit de l’inquiétude sur le visage de Manny de Guerre. La présidente de l’association pétersbourgeoise « Bok o Bok », organisatrice de l’événement, est habituée à ce que ces initiatives soient malmenées. Ce qui ne l’a pas empêché depuis l’adoption, à Saint-Pétersbourg en mars, de la loi interdisant toute «propagande homosexuelle auprès des mineurs», d’organiser divers rassemblements culturels et manifestations contestant ce changement de législation homophobe.
Bonne réputation
Si d’ailleurs le festival a été ce week-end délocalisé à Moscou – l’édition la plus importante se tient chaque mois d’octobre à Saint-Pétersbourg où est basée l’association « Bok o Bok », ce n’est pas à cause de quelconques pressions. « Non, cette édition moscovite était prévue depuis de longs mois et ne se substitue en aucun cas à l’édition pétersbourgeoise qui se tiendra comme prévu en octobre prochain », assure Manny de Guerre. Edition qui d’ailleurs reste la principale puisqu’elle dure dix jours, contre quatre jours à Moscou. « Nous avons reçu le soutien d’organisations russes, d’ambassades étrangères et nous avons maintenant une bonne réputation: c’était le moment de lancer un festival moscovite. »
« Le festival s’est même déjà tenu en province, à Tomsk, Kemerovo, Archangel, Novosibirsk et maintenant Moscou », continue la présidente de « Bok o Bok ». Des régions dont on se doute que l’organisation d’une manifestation LGBT n’a pas dû être facile tous les jours et où, pour certaines provinces comme Archangel, une loi identique à celle votée en mars à Saint-Pétersbourg a déjà cours. Il semble que Moscou aura bientôt la sienne – c’est en discussion – si tout va mal.
Photos: Julia Malivina, «Bok o Bok».