Municipales : Anne Hidalgo première femme maire de Paris

Devenue à 54 ans la première femme maire de Paris, Anne Hidalgo a fait ses armes dans l’ombre du maire sortant Bertrand Delanoë, dont elle est la première adjointe depuis 2001.

Celle que beaucoup décrivaient comme discrète, effacée, timide, a réussi son pari, parvenant d’abord à s’imposer parmi les siens, puis à vaincre l’ancienne ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, dans un contexte pourtant défavorable à la gauche.

La dauphine de Bertrand Delanoë est un pur produit du PS, qui cultive sous des airs de bonne élève et une apparente rondeur une autorité sans faille. « Elle est douce, chaleureuse, séduisante et en même temps tenace et très déterminée », dit d’elle son mentor Bertrand Delanoë (L’Express, septembre 2013).

Née le 19 juin 1959 à San Fernando (Espagne), l’Andalouse a le parfait CV d’une personnalité de gauche: fille d’immigrés espagnols qui ont fui en 1961 la misère et le franquisme parce qu’ils croyaient à l’école républicaine, elle a grandi dans la cité lyonnaise de La Duchère.

Naturalisée française à l’âge de 14 ans, Anne Hidalgo devient inspectrice du travail en 1982, et est nommée en région parisienne en 1984. D’abord plutôt engagée dans les luttes syndicales, elle prend sa carte du PS en 1994, et entre au cabinet de la ministre de l’Emploi Martine Aubry en 1997. Elle y rencontre son second mari Jean-Marc Germain, bras droit de la maire de Lille et député PS depuis 2012.

Devenue conseillère de la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes Nicole Péry, elle rencontre le chef de file des socialistes parisiens Bertrand Delanoë. Elle deviendra en 2001 la tête de liste du PS dans le XVe, après l’avoir emporté dans une primaire face à la fabiusienne Pervenche Bérès.

Elu maire de Paris, Bertrand Delanoë fait de cette quasi inconnue sa numéro deux, en charge du « bureau des temps » et de l’égalité hommes/femmes. En parallèle, Anne Hidalgo est nommée secrétaire nationale du PS à la formation professionnelle (2000) puis à la culture (2003). Elle devient conseillère régionale d’Ile-de-France en 2004, mandat qu’elle détient toujours. En 2008, Bertrand Delanoë lui confie une délégation de premier plan, celle de l’urbanisme. A ce poste, elle supervise la mise en chantier de 10% du territoire de la capitale, des Batignolles à Bercy-Charenton en passant par l’emblématique chantier des Halles.

En mai 2012, Anne Hidalgo se voit proposer un ministère, mais elle refuse. Elle qui a affirmé dès 2009 se préparer à succéder à Bertrand Delanoë veut rester concentrée sur Paris. Consciente de sa faible notoriété, elle lance sa campagne pour les élections municipales le 4 septembre 2012, sur les quais de la Seine. Cette campagne, sans doute une des plus longues de l’histoire (19 mois), se déroule pas à pas, sans anicroche ni éclat particulier, loin des soubresauts de celle de sa rivale UMP.

Après avoir imposé le renouvellement des têtes de liste aux grognards du PS, elle a fait l’union avec le PCF et le PRG, et présenté son programme patiemment élaboré en décembre 2013. Elle a signé entre les deux tours de l’élection un accord avec les écologistes d’EELV.

Féministe depuis toujours, chantre comme Bertrand Delanoë de nouvelles pratiques politiques, Anne Hidalgo a fait de la parité des têtes de liste et du non-cumul des mandats dès 2014 des points non négociables.

Favorable de longue date à l’égalité totale des droits pour les personnes LGBT, elle a accueilli sur ses listes plusieurs personnalités ouvertement homosexuelles comme Bruno Julliard, Ian Brossat ou Christophe Girard.

Adepte comme le maire de Paris d’un socialisme mâtiné de pragmatisme, elle a fait de « Paris, ville puissante et bienveillante » son credo, voulant allier à l’efficacité et à l’innovation économiques la solidarité vis-à-vis des plus fragiles, le tout teinté d’écologie. Oeil de braise sous une chevelure noir de jais, la nouvelle maire de Paris est mère de trois enfants.