Le mouvement de contestation « La Manif pour tous » a engagé une action dont les partis politiques, d’opposition notamment, aimeraient profiter dès les municipales en intégrant des militants dans les listes candidates.
« La Manif pour tous » n’affiche aucune couleur politique officielle malgré quelques accointances visibles. Alors que la loi autorisant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels a été votée mardi, le mouvement populaire représente désormais un vivier de potentiels engagés politiques qui suscite les convoitises.
« Ils sont tout à fait les bienvenus chez nous, s’empresse d’affirmer à BFMTV.com Hervé Mariton, député opposé au mariage pour les couples homosexuels et en charge du projet de l’UMP. « Nous sommes prêts à les accueillir », renchérit le vice-président du Front national Louis Aliot, lui aussi interessé par un flot de militants pour irriguer la vague « Bleue Marine ».
Copé saisit la balle au bond
Assurément, les propos de la chef de file Frigide Barjot au lendemain du rassemblement du 21 avril ont trouvé écho parmi les forces politiques. « Il y a des municipales bientôt » et nous pourrions « aider les listes qui se sont battues contre le projet, qu’elles soient de droite ou de gauche ». Mais pas d’extrême droite car « trop réducteur ».
Un rejet qui fait sourire Louis Aliot. « Je crois que cela a causé une grosse déception chez ses militants, dit-il. Car le FN, et ses millions d’électeurs aux dernières présidentielles, est pour un large rassemblement des forces ».
Un créneau que le président par intérim de l’UMP, Jean-François Copé a saisi au bond en vue d’échéances électorales à venir. Il souhaite, après avoir mobilisé régulièrement ses partisans depuis la fin 2012, que la manif’ prévue le 26 mai [Date à laquelle le texte devait repasser à l’Assemblée, NDLR] se transforme en un « non » à la politique prônée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Quitte à être taxé d’opportunisme.
« Il est légitime qu’un mouvement social de cette ampleur soit influent »
Un mélange des genres suffisant à apposer des militants « Manif pour tous » sur les listes déposées pour les municipales? « Ce n’est pas le sujet du moment, balaye Nadine Morano en charge des élections à l’UMP. Mais il est possible que des participants nous rejoignent ». « Il est légitime qu’un mouvement social de cette ampleur soit influent en vue des élections municipales », avance lui Hervé Mariton.
Christine Boutin, président du Parti Chrétien Démocrate est-elle aussi sur les rangs? Interrogée il y a quelques semaines par BFMTV.com, sur les liens entre son parti et le mouvement, elle confirmait que « si le PCD ne s’implique pas directement, nos militants sont investis dans la ‘Manif pour tous’. » Sur le cas des municipales, nos demandes sont pour l’heure restées sans réponse.
Un flanc radical à maîtriser
Jean Christophe Lagarde de l’UDI est lui plus circonspect. « Nous n’intégrerons personne sur ce thème précis, commente-t-il. Surtout laissons la vie municipale à ce qu’elle est, un enjeu local. »
Si aucun compromis n’est trouvé, comme l’a dit Frigide Barjot, la « manif pour tous » pourrait-elle présenter ses propres listes malgré un programme politique très peu étoffé et un discours extrêmement clivant?
Au plan national « il n’y pas de place pour un parti de la morale en France et les partis traditionnels se méfient qu’un flanc radical prennent trop de place car ça fait perdre les élections, analyse Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite. Mais, au niveau local les arrangements sont possibles ».
À l’UMP, au FN et ailleurs l’intégration des contestataires est un enjeu majeur pour surfer sur la « vague citoyenne » vantée par Hervé Mariton qui admet à BFMTV.com que la question a été tranchée positivement dans son camp.
L’occasion aussi de compléter des listes municipales délicates à constituer faute de motivés.
Samuel Auffray