Un appel à manifester de groupuscules catholiques intégristes a circulé sur les réseaux sociaux, cette semaine. Il n’y avait finalement personne, ce dimanche 23 au matin, devant le 30, rue Saint-Léon, hormis quelques policiers en civil, à l’occasion de l’inauguration officielle de la maison LGBT (lesbien, gay, bi, trans), ou Kreuji, qui signifie maison, en patois lorrain.
Les 200 m² loués 1.700 € par mois à un propriétaire privé étaient, en revanche, bondés ! Onze associations participent au projet. Comme Honneur aux dames, 48 membres, l’Autre Cercle, réseau social LGBT, les Joyeux reporters, une poignée d’adhérents, Rando’s Lorraine, aux activités plus ludiques que militantes, ou encore les Oubliés de la Mémoire.
« Promouvoir l’égalité des droits »
« L’objectif est d’ouvrir un lieu d’accueil, d’écoute, à destination de tout public. De parents d’enfants LBGT qui ont besoin d’infos. D’hétérosexuels en questionnement. De personnes LGBT intéressées par nos actions. Notre but est de lutter contre l’homophobie, la transphobie, de promouvoir l’égalité des droits… » confient Pascal Dabel-Ragot, président du Kreuji, et Rachel Himbert, vice-présidente.
Au programme : café associatif, organisation de conférences, de débats, permanences d’accueil, ateliers ludiques, événements culturels, informations santé. Autant d’activités déjà assurées par Équinoxe, cent adhérents, centre LGBT de Lorraine sud et membre de la fédération nationale LGBT. L’association inaugurera de nouveaux locaux, le 13 décembre, au Point Central, rue Saint-Jean.
Équinoxe s’est retirée du projet Kreuji juste après les Municipales, quand l’ex-responsable régional de la Manif pour Tous a été élu sur la liste de Laurent Hénart. Polémique !
« On est riche de notre diversité ! S’il y a une chose qui ne se réglemente pas, c’est bien l’initiative associative. Le Kreuji n’est pas un service public », fait remarquer le maire de Nancy, qui visait certainement Équinoxe, en assurant « qu’on n’est pas là pour prendre un objet et bâtir un territoire autour duquel on monterait des murs ! »
Quant à l’arrivée d’un pro-Manif pour Tous dans son équipe : « L’ensemble de la majorité a voté, lundi, la subvention de 3.000 € au Kreuji. Il n’y a eu aucune abstention ! » s’exclame-t-il.
Lucienne Redercher, adjointe au maire ayant porté le projet depuis le début, explique que « la vie associative est ainsi faite que, parfois, des chemins ne se suivent plus. Mais rien n’est écrit. Tout le monde est bienvenu dans cette maison LGBT… »
Le président du Kreuji estime, de son côté, que « s’il existe maintenant deux centres LGBT à Nancy, c’est qu’on a chacun nos particularités, qu’il y a un besoin. On n’est pas en guerre. On est là pour aider ».
Philippe MERCIER