Ils avaient été arrêtés en août 2018 dans un hôtel de la capitale, lors d’une descente de police. Initialement accusés d’appartenir à une organisation criminelle, ces 47 hommes, pour la plupart des jeunes, étaient poursuivis pour avoir prétendument participé à une « soirée d’initiation gay ». Leur procès avait d’ailleurs été plusieurs fois ajourné, faute de témoin à charge.
En févier dernier, le juge de la Haute cour fédérale de Lagos, Rilwan Aikawa, avait même évoqué l’abandon des charges, si la partie civile échouait à nouveau à étayer ses accusations. Aucun procureur n’ayant assisté aux audiences ni produit d’éléments sérieux, il a finalement rejeté l’affaire, ce mardi 27 octobre, par « manque de poursuites diligentes ».
Le principal avocat de la défense, Israel Obi, craignait que l’accusation ne cherche à « fabriquer » de faux éléments. Selon Xeenarh Mohammed, directrice de l’Initiative pour l’égalité des droits, une ONG qui fournit une aide juridique aux inculpés, cette affaire s’est poursuivie parce que la police n’avait pas réussi à leur extorquer de l’argent.
Beaucoup d’entre-eux, exposés dans la presse, ont aussi perdu leur emploi, outre l’angoisse et le stress suscités par ce pseudo « procès », premier du genre néanmoins en application de la loi anti-gay ratifiée en 2014 par l’ex-président Goodluck Jonathan, qui bannit « mariage » et « cohabitation de même sexe », et condamne de 10 à 14 ans de prison tout témoignage public de « relations amoureuses entre personnes de même sexe ». Le texte élargit les sanctions aux promoteurs, organisateurs ou clientèle de clubs dédiés, aux personnes liées direct ou indirectement à des sociétés ou organisations pro-gay, et pour « non-dénonciation ». Et dans certains Etats majoritairement musulmans du nord du pays où la charia est pratiquée en parallèle du système de justice fédéral et local, les homosexuels encourent de la peine de mort par lapidation.