Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées, vendredi, pour dire leur incompréhension après la fuite, il y a trois semaines, de l’un des mis en examen, assigné en résidence. Il s’est débarrassé de son bracelet électronique. Laurent Julien avait été retrouvé mort et enterré dans la garrigue en marge de la feria de Nîmes 2011.
Parents, amis, collègues de travail… Une cinquantaine de personnes a pris part vendredi, en fin d’après-midi, à une marche silencieuse pour Laurent Julien, dont le cadavre a été découvert il y a deux ans, le 3 juillet 2011, enterré dans la garrigue nîmoise, trois semaines après la disparition de cet homme de 31 ans en pleine feria. Les participants, qui étaient vêtus de tee-shirts blancs à l’effigie de la victime dont le crime n’est pas élucidé, ont mené le cortège de la gare au palais de justice. Aux grilles duquel a été accrochée une banderole portant la mention suivante : « Laurent Julien assassiné en 2011, souvenons-nous. »
L’homme en fuite était assigné à résidence
« Nous voulons dire ainsi à la justice que nous serons toujours là pour que la vérité éclate, indique Pierre-Emmanuel Julien, l’un des deux frères de Laurent. Nous estimons que le juge des libertés et de la détention a commis une faute. » Une référence claire et nette à la fuite, il y a trois semaines, de l’un des hommes mis en examen, le 21 juin dernier, pour enlèvement et séquestration suivie de meurtre. Mais assignés à résidence et placés sous surveillance électronique, alors que le procureur et le juge d’instruction avaient préconisé le placement en détention.
L’homme en fuite affirme être parti en Syrie
Le 18 juin, exploitant un renseignement recueilli par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), 130 policiers s’étaient déployés à Valdegour et Pissevin (quartier où Laurent Julien résidait avec son compagnon) pour interpeller dix personnes, présentées comme liées à des milieux islamistes. Le 30 juin, l’un des suspects a brisé son bracelet électronique et a pris la fuite. Depuis, son avocate a reçu une lettre de lui où il affirme qu’il se rendait en Syrie pour « soutenir ses frères dans leur combat ». « On a connu le soulagement et puis, rapidement, l’incompréhension, reprend Pierre-Emmanuel Julien. Que quelqu’un qui a été mis en examen pour meurtre soit mis sous bracelet, on ne comprend pas. »
« Dossier vide » selon les avocats des mis en examen
Le 2 octobre prochain, les avocats des deux suspects, qui estiment que le dossier est vide, plaideront la nullité des mises en examens. « La mise en examen est justifiée, parce qu’il y a des indices graves et concordants, affirme à ce propos l’avocat de la famille de Laurent Julien, Me Olivier Bessodes. On a trois mois pour espérer des éléments probants. » Les résultats d’analyses scientifiques sur des objets saisis lors de perquisitions et de nouvelles auditions de témoins sont attendus. La piste du meurtre homophobe, en raison de l’idéologie des suspects, est évoquée par Me Bessodes. Et une certaine proximité avec une affaire de crime homophobe, jugé aux assises du Gard en 2007, interroge.
Me Bessodes : « Ce que l’on espère, c’est que certaines personnes qui sont au courant de ce qui s’est passé vont parler. Donc, on a espoir. »