Une pancarte « Stop à l’homophobie » collée à l’entrée. A côté, le rainbow flag, symbole du mouvement LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans). Signes discrets pour dire que l’Arrozoir est un « bar gay ». Carlos Marques et Mickael Lateurtre, le couple de gérants, préfèrent évoquer, « un endroit ouvert à tous ».
Dès les premiers jours, les relations avec le bar voisin, Chez Rosy, s’annoncent houleuses. Une histoire de concurrence teintée d’animosité personnelle. « Peut-être d’homophobie », pense Carlos. Au printemps dernier, les concurrents en viennent aux mains. « Quatre hommes arrivent armés dans notre bar », résume Mickael. Aujourd’hui, une enquête sur cette altercation est toujours en cours.
L’agression de trop contre l’un des gérants
A ce premier conflit, vient se greffer un autre. Cette fois, avec le voisin de l’appartement situé juste au-dessus du bar. « Depuis la fenêtre de sa chambre qui donne sur notre terrasse privée, il passe sa vie à insulter nos clients. Et tous les quatre matins, il appelle la police pour se plaindre de ceci ou cela », détaille Carlos.
Jeunes commerçants dans une ville qui en manque, les gérants dénoncent le manque de soutien du maire. « Il n’a jamais mis les pieds ici. » Pis : selon des agents communaux, clients de l’Arrozoir, il leur serait expressément interdit de fréquenter le bar sous prétexte d’un droit de réserve. Carlos ajoute : « La police municipale nous a aussi demandé d’enlever le drapeau LGBT qui flotte devant l’entrée car, selon eux, c’est ostentatoire! » A quelques jours de leur première bougie, les gérants viennent d’essuyer un nouveau coup dur. Samedi dernier, Carlos Marques est passé à tabac par plusieurs hommes. « On voyait la trace des chaussures de ses agresseurs sur son visage », souligne la police nationale. Mais pour lui, « c’est moins grave que le reste ». Tenir ce bar « est devenu un geste militant. On est en 2012, on parle de mariage des homosexuels… Mais il y a encore beaucoup à faire ».
Floriane Louison