« Nous devons dire Stop à l’humour homophobe ou transphobe », Louis-Georges Tin (VIDEOS)

Florent Peyre, humoriste, révélé par Laurent Ruquier dans son émission, « On ne demande qu’à en rire », régulièrement plébiscité depuis sur les plateaux de télévision, notamment chez Arthur, pour des sketches de toutes sortes, mais « souvent discutables », était l’invité de l’animateur-producteur ce 22 juillet 2017 sur TF1 dans « Les Invisibles », où il a de nouveau réitéré dans une saillie potache, aux clichés qui ne peuvent qu’accentuer l’homophobie.

Tandis qu’Arthur évoquait un manège pour enfants, en lançant, comme les anciens bateleurs, « attrapez la queue du balai », (il voulait dire le ponpon), Florent Peyre a répliqué, en interpellant l’un de ses collègues homosexuels présents sur le plateau : « Si Jarry travaillait dans une fête foraine il dirait : « attrapez la queue du forain ». »

En d’autres termes, Florent Peyre suggère que Jarry, « demanderait aux enfants de jouer avec le sexe du forain », note Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) et notamment fondateur de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, s’indignant dans une tribune sur le Huffpost d’« une plaisanterie, évidemment odieuse », qui repose, « on l’aura compris, sur l’amalgame « classique » entre homosexualité et pédophilie. »

En septembre 2015 déjà, dans « La grande soirée des parodies », toujours chez Arthur, l’humoriste avait diffusé un clip intitulé « Travelo », dans lequel il déclarait, sous les traits de Conchita Wurst : « Je suis une femme qui le vaut bien, j’ai la gaule du matin », « Profession camionneur, mais je ressemble à ta sœur, un homme pour de faux », ou encore « Je suis Monsieur, je suis Madame ».

Face aux réactions suscitées par ces « propos transphobes », il s’était excusé, déclarant : « Si cette parodie a heurté la sensibilité de certains d’entre vous, j’en suis désolé. » Mais trois jours plus tard, il republiait ladite vidéo sur sa page Facebook, en indiquant : « à voir ou à revoir sans modération ». On connaît le proverbe : « errare humanum est, perseverare diabolicum ».

On peut en effet se tromper, c’est humain, mais persévérer dans l’erreur est « diabolique ».

Il y a deux semaines, le Président du Comité Idaho-France, Alexandre Marcel « a eu la patience, et même l’élégance de chercher à entrer en contact avec Florent Peyre, mais aussi avec Arthur, qui n’a pas respecté l’exigence de maîtrise de l’antenne, inhérente au cahier des charges du CSA », constate également le militant, sans « aucune réponse des intéressés. »

Il faut pourtant bien « mesurer la gravité des propos de Florent Peyre », insiste-t-il. « Nous avons régulièrement en France le même débat. Le rire n’autorise pas tout, et les humoristes ne sont pas au-dessus des lois. La liberté d’expression, comme toute liberté, a des limites, clairement définies par le droit », parmi lesquelles figurent « la diffamation, et l’incitation à la haine, raciale, homophobe etc. »

« L’humour antisémite est antisémite. L’humour homophobe est homophobe. L’humour est même une des modalités les plus récurrentes de l’homophobie. Or l’homophobie est un délit », rappelle Louis-George. Et, « quand il s’agit des personnes transgenres, c’est encore plus abject. Ce sont probablement les citoyens les plus discriminés, toutes catégories confondues », victimes de « violences physiques très fréquentes, qui blessent et qui tuent. »

Alors, « l’humoriste qui fait rire des puissants exerce une forme de résistance salutaire », mais « celui qui fait rire en ciblant personnes les plus vulnérables est un lâche », résume Louis-Georges. « Il hurle avec les loups, et croit qu’il lui sera loisible de cracher impunément sur les plus faibles. Et il le fait, il s’excuse, et recommence, « sans modération » ».

Il est « clair que Florent Peyre se moque du monde. Il a dû penser que les homosexuels, et plus encore les personnes transgenres, étaient des moins que rien, que l’on pourrait tourner en dérision sans conséquence. Les avertissements multiples n’ont servi à rien. La mésaventure de Cyril Hanouna n’a servi à rien. Florent Peyre continue. Il faut que cela cesse. Et le soi-disant humoriste risque bien de déchanter quand il découvrira que les personnes homosexuelles ou transgenres ne sont pas sans ressource », ajoute-t-il. « Le monde des humoristes est sans cesse traversé par ces propos homophobes, qui gâchent tout. Très souvent, il nous arrive de regarder des sketches sur Internet, et au bout de deux ou trois minutes à peine, il y a très souvent une remarque homophobe, comme un bout d’excrément au fond de la salade de fruit ».

Quelques artistes, comme Anthony Kavanagh ou Shirley Souagnon, arrivent à parler d’homosexualité, sans sombrer dans l’homophobie : « preuve que l’on peut aborder le sujet de manière drôle et intelligente », alors que « tant d’autres gâchent leur talent (souvent réel) en le mêlant à l’immonde », conclut Louis-Georges : « Il faut mettre un terme à tout cela ! Alexandre Marcel a raison. D’une manière ou d’une autre, que ce soit par le CSA, par la justice, par le boycott ou par tout autre moyen approprié. Nous devons dire Stop à Florent Peyre, Stop à l’humour homophobe ou transphobe. »